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14 août 2024 3 h 10 min

« Kiev contrôle 1000 km² en Russie »

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis une « relocalisation du conflit sur le sol de l’agresseur», suite à la pénétration des troupes ukrainiennes en Russie. Mykhaïlo Fedorov, ministre ukrainien, explique que « l’aspect asymétrique de cette guerre réside dans l’utilisation de technologies inattendues pour l’ennemi ».

L’intervention risquée ukrainienne à l’intérieur des frontières russes. En vue des Jeux Olympiques de 2024, l’éventualité d’un conflit hante les performances des athlètes ukrainiens. Il y a une incertitude générale concernant le conflit prolongé en Ukraine.

Nous répondons à toutes vos questions les plus courantes. Comment les forces de Moscou et Kiev utilisent-elles des drones? Depuis quelque temps, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a pris une envergure sans précédent. Un rapport d’un think tank britannique spécialisé dans la défense, publié en mai 2023, indique que les Ukrainiens perdent approximativement 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Ukrainiens et Russes utilisent principalement de petits UAV (unmanned aerial vehicle, en anglais) civils, économiques et accessibles en grand nombre. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et pour orienter les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont également bricolés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien qu’en nombre réduit, jouent également un rôle crucial dans les conflits. Ces véhicules aériens sans pilote (UAVs), équipés d’explosifs, sont déployés au-dessus des lignes de front sans cibles prédéfinies. La Russie se sert des drones russes Lancet-3 et des Shahed-136 d’origine iranienne. L’Ukraine, qui ne possède pas de flotte de guerre compétente, se démarque avec ses véhicules maritimes sans équipage, de petits kayaks téléguidés et équipés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les drones sont si cruciaux pour leurs opérations que les Ukrainiens et les Russes se sont organisés pour approvisionner leurs forces à long terme, non seulement en achetant des drones civils en quantité sur le marché, mais aussi en développant leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui balbutiait au début de la guerre du Donbass il y a une décennie, a depuis pris de l’ampleur. En fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré que la copie du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, quant à elle, se trouve en difficulté du fait des sanctions occidentales qui limitent son approvisionnement en composants électroniques. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une unité de fabrication dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y produire des drones-kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136.

En ce qui concerne l’état actuel des stocks de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, de le déterminer avec précision. Les services de renseignement ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs évaluations sont souvent douteuses.

Andri Ioussov, représentant du service de renseignements de la défense (GUR) a déclaré, comme rapporté par Liga.net, que l’armée russe possédait environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, avec plus de 900 restants au début de l’année. En plus de ce nombre, a ajouté Ioussov, la Russie possède des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300 avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. Vadym Skibitsky, second du GUR, avait mentionné en août l’existence de 585 missiles d’une portée supérieure à 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production, elle aurait augmenté à environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, comme indiqué par plusieurs experts. En octobre, la production était estimée par le GUR à 115 unités.

En outre, la Russie aurait obtenu des missiles à courte portée en provenance d’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à en acquérir. Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, a rapporté que 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été conclu. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie est inconnu, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts qui ont analysé les débris et les trajectoires, il s’agirait probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Répondant à une sollicitation de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont accepté, en août 2023, de transférer des avions de chasse F-16 à l’Ukraine. Une quantité possible de plus de 300 F-16 est répartie dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, bien que tous ne soient pas en position de renoncer à leurs avions immédiatement.

Volodymyr Zelensky avait mentionné la fourniture de 42 F-16 par les alliés occidentaux à Kiev, une affirmation qui reste non vérifiée. Le Danemark s’est engagé à en fournir 19, dont les six premiers ne seront pas délivrés avant la fin de 2023, huit autres en 2024 et les cinq derniers en 2025, comme l’a annoncé la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis de les fournir, disposent de 42 appareils, mais ils n’ont pas indiqué combien ils envisagent de céder.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être formés à l’usage de ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former ces pilotes. L’OTAN prévoit que les soldats ukrainiens ne seront opérationnels pour utiliser les avions en conditions de combat qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts estiment l’été de la même année.

Quel type d’aide militaire les alliés apportent-ils à Kiev ?

Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel de février 2024, deux ans après le commencement du conflit à grande échelle, la détermination occidentale à soutenir Kiev semble faiblir. Le rapport précise que les assistances récemment mises en place ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 comparé à la même période de l’année précédente. Cette baisse pourrait continuer avec le Sénat américain ayant du mal à faire passer des lois d’aide, et l’Union européenne (UE) confrontée à des difficultés pour approuver une assistance de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Notons toutefois que ces deux packages d’aide n’ont pas encore été inclus dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.

L’Institut allemand constate également un resserrement et une réduction du nombre de donateurs autour d’un ensemble de pays, à savoir les États-Unis, l’Allemagne, ainsi que les nations du nord et de l’est de l’Europe. Celles-ci offrent aussi bien du soutien financier que des armements de pointe. Depuis février 2022, ces pays unis derrière Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus prospères ont été les plus généreux. Les États-Unis sont les premiers donateurs, avec une aide annoncée de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’UE ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), ce qui porte le total à 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions à l’aide avec le produit intérieur brut (PIB) individuel de chaque pays donateur, le classement fluctue notablement. Les États-Unis tombent à la vingtième position, ne contribuant que 0,32 % de leur PIB, se retrouvant ainsi derrière les pays limitrophes de l’Ukraine et d’anciennes républiques soviétiques alliées. En tête de liste, l’Estonie avec un impressionnant 3,55 % de son PIB, suivi du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top cinq. Les trois nations baltes, toutes partageant des frontières avec la Russie ou son allié la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus prodigue depuis le déclenchement du conflit.

En se basant sur le pourcentage de PIB, la France se retrouve en vingt-septième position, ayant engagé seulement 0,07 % de son PIB, se situant juste après la Grèce (0,09 %). L’aide apportée par la France manifeste une baisse constante depuis l’initiation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En effet, la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et, encore plus tôt, la treizième position à l’été 2022.

Quelles informations disposons-nous sur les tensions qui surviennent à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne ont persisté pendant plusieurs mois, principalement en raison des désaccords sur le transport des grains ukrainiens. Au printemps 2022, la Commission européenne a déployé des « corridors de solidarité » pour faciliter le déplacement et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens, exemptés de droits de douane, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Selon la Fondation Farm, un groupe de dialogue sur les problématiques agricoles mondiales, presque 50% des grains ukrainiens passent ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE). Cela soulève des problèmes puisque ces grains sont vendus à des prix bien inférieurs à ceux du blé produit au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Citant que ces grains perturbent leur marché local et affectent les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont unilatéralement suspendu leurs importations en avril 2023. Suite à une négociation, Bruxelles a accepté cet embargo à condition qu’il ne freine pas le transfert vers d’autres nations et qu’il ait une durée limitée à quatre mois. Cependant, la Pologne a jugé que le problème initial n’était pas résolu et a choisi de garder sa frontière fermée aux grains ukrainiens après l’été. Cette décision est en contraste avec la position de Bruxelles, qui estime que l’embargo n’est plus justifié car leur analyse révèle qu’il n’y a plus de perturbation sur les marchés nationaux de céréales.

Les producteurs agricoles de Pologne ont établi des barrages à la frontière polono-ukrainienne afin d’interdire l’entrée des camions en provenance d’Ukraine sur leur territoire national. Les manifestants demandent la mise en place d’un « embargo total » sur les biens ukrainiens liés à l’agriculture et l’alimentation. Ils protestent contre l’augmentation drastique de leurs frais de production tout en étant confrontés à une saturation des silos et entrepôts et à un effondrement des prix. Au début de 2024, le président ukrainien percevait ce blocus à la frontière polonaise comme une manifestation de « l’affaiblissement de la solidarité » envers l’Ukraine et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a également souligné que seule la Russie tirait avantage de ces discordes, tout en reprochant le surgissement de slogans clairement en faveur de Poutine.