Le 15 août, une cérémonie marquante se déroule annuellement à Tokyo, honorée par la présence du couple impérial, pour faire mémoire de « la fin de la guerre » [du Pacifique] – des termes comme « surrender » ou « capitulation » sont délicatement esquivés. Cette année, la célébration a eu une touche particulière.
Située dans le Pavillon des arts martiaux au cœur de la capitale japonaise, la cérémonie a été précédée de quelques jours par l’annonce des membres du G7 et de l’Union européenne (UE) de ne pas envoyer leurs ambassadeurs pour rappeler le bombardement atomique sur Nagasaki le 9 août 1945. Cette décision était une manifestation diplomatique de protestation contre l’omission par Shiro Suzuki, le maire dévoué de la ville, d’inviter le représentant d’Israël à la commémoration, alors que Gaza a été soumise à une série incessante d’attaques depuis plus de dix mois. Le seul officiel présent était le conseiller ministre de l’ambassade de France à Tokyo, Nicolas Thiriet, qui était là pour « rendre un hommage aux victimes du bombardement ».
Ce différend diplomatique a apporté une nouvelle perspective sur la complexe interconnexion entre la mémoire, la diplomatie et les rapports de force internationaux, projetant une ombre sur l’appel universel à la paix rattaché à la cérémonie du 15 août par le Japon. Comme les années précédentes, l’empereur Akihito a exprimé « sa profonde repentance » pour la guerre menée par son pays, tout en prenant l’engagement « qu’ils ne permettraient jamais de refaire les erreurs de la guerre » et « qu’ils travailleraient en faveur de la paix ».
Réaction de déception et de colère
La réaction de ses alliés a éveillé au Japon une déception colorée de colère : une fois encore, Tokyo se sent incomprise. Ces sentiments sont reflétés par les éditoriaux habituellement réservés des deux plus grands journaux nationaux, Yomiuri et Asahi.
L’écrit de Yomiuri souligne que le nombre effrayant de décès palestiniens [environ quarante mille] surpasse la légitime autodéfense d’Israël, mettant en évidence qu’on ne peut pas comparer la Russie, un état agresseur, à Israël. Ainsi, il n’est pas étonnant que les citoyens de Nagasaki soient horrifiés par les actions inhumaines d’Israël.
Asahi, de son côté, met l’accent sur la facilité avec laquelle le G7 a illuminé la complexité de diffuser ce message. Il note que l’absence de représentants des pays occidentaux à Nagasaki atténue des années d’efforts déployés pour promouvoir une implication mondiale pour la paix. Le journal centriste exprime son déception face à l’absence de préoccupation humanitaire dans la réponse [de l’Occident] à la cruauté des actions militaires d’Israël: en choisissant de ne pas assister à la cérémonie à Nagasaki, les États-Unis et leurs alliés ont démontré une approche discriminatoire. Tout cela se passe alors qu’Hiroshima et Nagasaki se battent pour faire du désarmement nucléaire une valeur globale.
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