Ce n’est pas une grève ordinaire lorsque celle-ci se déroule à la plus grande mine de cuivre au monde. Les mineurs d’Escondida, située au nord du Chili, ont amorcé un débrayage le mardi 13 août, après avoir échoué à s’entendre sur une nouvelle convention collective avec leur employeur, BHP, un colosse australien.
« La grève légale des affiliés du Syndicat des travailleurs N°1 a été initiée en raison de l’incapacité de trouver un accord avec Escondida-BHP », a rapporté leur syndicat dans une déclaration.
Les syndicats d’Escondida, qui avaient entériné cet appel à la grève le 1er août, ont longtemps demandé que 1 % des dividendes reçus par les investisseurs étrangers de la mine soient partagés entre les travailleurs.
Selon la presse locale, BHP a offert de payer à chaque travailleur un bonus de 28,900 dollars (soit environ 26,300 euros), cependant le syndicat juge que 1 % des dividendes correspond à 36,000 dollars par travailleur. Dans son annonce, le syndicat a avancé que « les revendications essentielles des travailleurs », y compris le respect du temps de repos, « n’ont pas été respectées par l’entreprise ».
De son côté, le groupe BHP a déclaré qu’il « regrette » la décision des travailleurs malgré ses « tentatives continues durant tout le processus pour proposer des modifications significatives de la convention collective actuelle, qui est déjà parmi les meilleures de l’industrie ».
Des ressources ont été allouées pour soutenir la grève « durant une période très étendue »
La mine d’Escondida, située au sein du désert d’Atacama, est dominée par le groupe australien BHP qui possède 57,5% des parts. Les autres associés sont Rio Tinto, également australien avec 30%, et l’entreprise japonaise Jeco qui détient les 12,5% restants. En 2023, la mine produisait 1,1 million de tonnes de cuivre, soit 5,4% de la production globale, et 21% de la production chilienne.
En 2017, une grève de 44 jours initiée par les travailleurs de la mine Escondida a marqué l’histoire de l’industrie minière chilienne en étant la plus longue. Ce mouvement social a occasionné un déficit de 740 millions de dollars et a causé une baisse de 1,3% du produit intérieur brut (PIB) du Chili cette année-là. Le syndicat souligne actuellement qu’il dispose d’un fonds logistique bien plus important que celui de la grève de 2017. Il espère ainsi subvenir aux besoins essentiels des travailleurs et de leurs familles pour une durée prolongée.
Les employés de la mine d’Escondida reçoivent un salaire sensiblement supérieur à la moyenne nationale chilienne. Toutefois, ils sont en phase avec les standards de l’industrie chilienne du cuivre, cette dernière représentant entre 10 et 15% du PIB national.
Cette situation intervient dans un environnement de hausse globale du prix du cuivre. En mai, le gouvernement chilien a révisé à la hausse l’estimation du prix moyen du cuivre pour l’année 2024, le fixant à 4,30 dollars la livre, contre 3,85 dollars dans l’estimation précédente.
Le Chili, en tant que deuxième producteur mondial de cuivre et de lithium, joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. Ces deux métaux sont indispensables à la production de batteries pour les voitures électriques, qui sont essentielles pour la transition énergétique.