La saison d’hiver pluvieuse a eu un impact négatif sur les cultures en France, poussant potentiellement le volume du blé à produire à son niveau le plus bas en près de quatre décennies. Ce constat pourrait menacer les revenus des fermiers du pays. En tant que leader habituel dans la production et l’exportation de blé doux en Europe, le grain essentiel à la confection du pain et des pâtisseries, la situation est délicate pour la France.
La récolte de cette année est présentée comme une des pires des 40 dernières années, selon les statistiques fournies par le service du ministère de l’agriculture (Agreste). La productivité est évaluée à environ 26,3 millions de tonnes, soit une diminution de presque 24% par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.
Selon les informations fournies par le ministre de l’agriculture, la France pourrait connaître la plus mauvaise productivité depuis 1987. On se souvient qu’en 2015, une production record de 41 millions de tonnes avait été réalisée. Certaines exploitations agricoles pourraient perdre des dizaines de milliers d’euros à cause de cette déficience.
Cette situation pourrait intensifier le désespoir des agriculteurs, qui avaient déjà manifesté leur mécontentement cet hiver à travers diverses actions, dont le blocage d’autoroutes. Leur revendications portaient sur les problèmes administratifs et des revenus insatisfaisants. Les syndicats agricoles, y compris le puissant syndicat FNSEA, ont déjà sollicité le gouvernement, même démissionnaire, pour qu’il aide les agriculteurs à surmonter cette période difficile.
En ce qui concerne les vendanges 2024, le diagnostic n’est pas plus encourageant. Les récoltes de raisins ont été affectées par des conditions météorologiques humides favorisant les maladies, ainsi que par des épisodes de gel et de grêle. Cela a entraîné une baisse de la vendange anticipée dans presque tous les vignobles du pays, selon les premières estimations du ministère de l’agriculture.
La viticulture anticiperait une production de 40 à 43 millions d’hectolitres pour cette année, ce qui représente une baisse de 10 % à 16 % par rapport à 2023 et une diminution de 3 % à 10 % en comparaison avec la moyenne de 2019-2023, selon Agreste, le service des statistiques et des prévisions du ministère.
La faune viticole a subi de nombreux problèmes comme la coulure, où les fleurs ou les jeunes baies tombent, et le millerandage, qui entraîne une variation de la taille des baies, à cause des conditions climatiques froides et humides durant la floraison, indique le ministère.
Le mildiou, un champignon qui se propage dans les vignobles à cause des pluies fréquentes de ce printemps, affecte pratiquement tous les vignobles et pourrait occasionner des pertes considérables, réitère le ministère. Des événements de gel ou de grêle ont aussi réduit la production dans certaines régions.
Ces estimations sont cependant temporaires, avertit le ministère. Les vendanges venant juste de commencer et se poursuivant jusqu’au début de l’automne, la production reste donc vulnérable aux conditions météorologiques. Le ministère fait remarquer que l’humidité du sol pourrait limiter cette baisse de production.
En 2023, la France a produit 48 millions d’hectolitres de vin, 4% de plus qu’en 2022, confirmant sa position de premier producteur mondial devant l’Italie et l’Espagne. Cependant, certaines régions viticoles ont du mal à vendre leur production, la demande de vin ayant tendance à diminuer.
Au cours des trois années précédentes, Jérôme Despey, président du conseil spécialisé « vin et cidre » chez FranceAgriMer, a rappelé aux médias que les ventes de vin rouge ont diminué de 15% dans les grandes surfaces, tandis que les ventes de vin blanc et de rosé ont diminué entre 3% et 5%. Il est spécialement inquiet des problèmes économiques que rencontrent les viticulteurs dans le Sud-Ouest, l’Occitanie et la vallée du Rhône.
Pour essayer d’équilibrer l’offre et la demande, ils ont dû commencer à supprimer des vignobles dans la région de Bordeaux, fournissant des indemnisations financières en contrepartie. Il y a des demandes pour développer un programme similaire à l’échelle nationale, mais ils attendent encore l’approbation de la Commission européenne, comme l’a mentionné Despey.