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« Repas conviviaux malgré peur au Cachemire »

Cachemire, niché dans les pentes de l’Himalaya, est une terre riche et prisée par l’Inde, le Pakistan et la Chine en raison de ses paysages montagneux éblouissants comprenant des pinèdes sombres, des forêts de feuillus, des vergers luxurieux, des prairies verdoyantes et des torrents tumultueux.

Dans la région indienne du Cachemire, visitée par le photographe Ashish Shah en juillet, les pique-niques sont une tradition culturelle chère à l’important segment musulman de la population locale. Pendant les trois mois d’été, de nombreuses familles profitent des vacances pour se réunir, voyageant de la partie méridionale de la région de Jammu jusqu’aux hautes altitudes de Gulmarg, une station de ski renommée du sous-continent.

Elles se rassemblent pour plusieurs jours sur l’immense plateau de Srinagar, la capitale du Jammu-et-Cachemire, dont le nom sanskrit signifie « la ville aux richesses abondantes ». L’installation se fait dans l’un des nombreux jardins moghols qui surplombent le lac Dhal, près d’un ruisseau, ou à une certaine distance de la ville, dans les premiers pâturages de montagne. Les repas faits maison, transportés dans de grands sacs avec de la vaisselle, des tapis et des samovars, sont préparés sur place, autour de petits barbecues où les kebabs sont grillés. Le tout crée un plateau unique de fête.

Contrairement aux allégations des nationalistes hindous au pouvoir à Delhi, la consommation de viande de boeuf par les musulmans est plutôt rare, étant donné le caractère sacré de cet animal en Inde. « Dans les repas, on trouve plus souvent du mouton, du poulet et du poisson, servis sur un plat commun d’où tout le monde se sert, une habitude impensable ailleurs en Inde où toucher la nourriture de quelqu’un d’autre est inadmissible », explique Ashish Shah. Le photographe de 39 ans, originaire de l’Uttarakhand, une autre région himalayenne et vivant à Bombay, 2 000 km au sud du Cachemire, se voit toujours invité à partager la nourriture. Il trouve ces instants particulièrement « conviviaux ».

Souvent, la viande rôtie est servie avec des girdas, de petits pains striés typiques de la région, faits de farine de blé et dorés au ghee, une forme de beurre clarifié. Parfois, ils sont substitués par des galettes jaunes – naans, rotis, chapatis – faits avec de la farine de maïs. Du riz pilaf aux œufs durs est parfois ajouté par certaines familles.

Pour un rafraîchissement, on déguste du raita, une sauce à base de yaourt, généralement assaisonnée d’oignons ou de radis, et servie dans des bols individuels, et on boit du thé salé. En Cachemire, la consommation d’alcool est interdite. Les repas sont généralement suivis d’une sieste, puis d’une baignade ou d’une promenade à cheval.

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