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Projet de réforme du mariage d’enfants en Irak

Un projet d’amendement, déposé au Parlement par une coalition de partis islamistes chiites conservateurs, menace la loi sur les affaires familiales en Irak, considérée comme l’une des plus avant-gardistes au Moyen-Orient. Ce changement législatif pourrait considérablement porter atteinte aux droits des femmes et conduire à une augmentation des mariages impliquant des mineures. Le projet propose des modifications à la loi de 1959 sur le statut personnel, ce qui pourrait permettre une gestion religieuse des affaires familiales. Les citoyens irakiens auraient alors l’option de laisser l’État ou les autorités religieuses définir des questions telles que le divorce, la garde d’enfants, l’héritage et le mariage.

Adoptée après la fin de la monarchie en Irak, la loi de 1959 a marqué une véritable révolution dans la protection des droits des femmes en transférant le contrôle des affaires familiales des autorités religieuses à l’État et son système judiciaire. Cette loi établit l’âge légal du mariage à 18 ans et limite la polygamie.

L’amendement proposé permettrait aux « musulmans adultes » de se soumettre aux règles de la charia chiite ou sunnite en matière de droit de la famille lorsqu’ils se marient. Il pourrait avoir d’importantes implications pour l’héritage ainsi que pour la garde des enfants en cas de divorce. Les détracteurs de l’initiative craignent qu’il ne supprime l’âge minimum légal du mariage pour les musulmanes, une affirmation que ses défenseurs nient. On note que 28% des femmes irakiennes sont mariées avant l’âge de 18 ans.

L’Irak connaît une croissance constante du nombre de mariages d’enfants depuis environ deux décennies. Selon l’Unicef, presque un tiers des femmes irakiennes sont mariées avant d’atteindre la majorité, tandis que plus d’un cinquième des mariages non enregistrés impliquent des filles de moins de 14 ans. Les autorités religieuses orchestrent chaque année des milliers de ces mariages non enregistrés, y compris d’enfants, en transgression des lois actuelles, rapporte l’ONG Human Rights Watch. Beaucoup insistent sur le fait que, historiquement, l’Islam a permis le mariage de filles pubertaires, à partir de 9 ans, étant donné que le prophète Mahomet aurait épousé Aïcha à cet âge.

Suite à la première présentation de cette proposition d’amendement le dimanche 4 août, la nation a réagi avec vigueur. De multiples organisations de défense des droits de l’homme ont protesté contre les modifications suggérées et prévoient de continuer à faire pression sur les principaux défenseurs du projet de loi.

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