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13 août 2024 1 h 11 min

« Guérilla ethnique birmane contre junte militaire »

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La prise de Lashio, une ville située au nord-est de l’État Shan en Birmanie, par un des groupes armés ethniques opposés à la junte birmane le 3 août, symbolise une avancée significative dans l’affaiblissement du régime birman. Ce conflit s’ajoute à la guerre contre la résistance armée qui s’est formée suite au coup d’État de 2021, engendrant une confrontation directe avec les redoutables guérillas des minorités basées le long de la frontière chinoise.

Sept mois après avoir reconquis de manière surprenante son territoire sur la frontière chinoise, le guerrilla historique de l’ethnie Kokang, connu sous le nom de l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), a fait progresser son offensive de 180 kilomètres vers l’intérieur jusqu’à Lashio. Avec sa population de 170 000 habitants et ses liaisons ferroviaires vers Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie qui est un centre commercial clé pour le commerce avec la Chine, Lashio est un important enjeu.

Lashio héberge une des quatorze infrastructures militaires régionales de Birmanie, laquelle est maintenant la première à être tombée entre les mains de la résistance. La bataille a été farouche et mortelle. Une vidéo filmée par les Kokang dépeint l’arrivée de leurs troupes à l’intérieur du QG de l’armée, où des corps de soldats gisent dans les allées. L’hôpital militaire local aurait aussi été attaqué avec, selon le média indépendant DVB, une vingtaine de civils et neuf personnels médicaux tués, sans pouvoir être évacués. Par ailleurs, trois généraux, dont le commandant de la base, ont été capturés, ainsi que potentiellement 4 000 soldats et leurs proches, tandis qu’un grand nombre d’armes ont été confisquées.

Le mardi 6 août, la junte militaire birmane a orchestré des manifestations à Naypyidaw, la capitale, et à Rangoun. Ses partisans y arboraient des affiches avec des photos supposées des victimes de l’hôpital militaire à Lashio. Les chaînes Telegram pro-gouvernementales diffamaient ceux qu’ils désignaient comme des « trafiquants de drogue » et des « extrémistes » chinois. Ces derniers, connus sous le nom de Kokang, sont établis en Birmanie depuis des centaines d’années et parlent le mandarin comme langue principale.

Le chef de la junte et instigateur du coup d’État de février 2021, le général Min Aung Hlaing, a condamné le même jour la reprise des batailles par les Kokang et leurs alliés – les armées ethniques ta’ang et arakanaise. Ces trois groupes se nomment « l’alliance des trois fraternités ». Le général a aussi décrié les « experts technologiques étrangers » voulus comme soutien par l’alliance.

Concomitamment, il a appelé au soutien des forces armées birmans, connues sous le nom de Tatmadaw, comme la seule entité capable de faire face aux « insurgés internes » et aux « envahisseurs étrangers ». Sa conviction n’a cependant pas été forcément partagée, y compris parmi ses propres partisans. Après la prise de Laukkai, la capitale de l’enclave Kokang, des critiques à son encontre ont refait surface. En effet, le 8 août, le moine ultranationaliste Wirathu, bien qu’allié à la junte, a reproché au général d’envoyer des soldats à une mort certaine, sans stratégie claire. Comme en février, l’appel au service militaire forcé ne semble pas suffisant pour redynamiser les troupes.

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