Sous l’ombre protectrice du magnifique catalpa et à proximité de l’église de style roman, l’ambiance est festive. Les gens dansent aux rythmes de l’accordéon, savourent des bières artisanales, se saluent chaleureusement, appellent leurs amis et voisins. Chaque jeudi soir, le petit marché du Panier frégandois, accompagné d’un bar et de diverses animations, s’anime dans le petit village de La Vineuse-sur-Frégande, en Saône-et-Loire. Les résidents locaux se mêlent à divers touristes, avec une fusion de différentes générations. L’atmosphère est relaxante… jusqu’à ce que le sujet de l’écologie surgisse.
« Il faut laisser ça de côté. C’est trop poussé », grogne Christian Mauguin, 57 ans, ouvrier municipal d’une localité voisine. « Ici, on a besoin de voitures imposantes pour se déplacer et personne n’a les moyens de renouveler son véhicule », insiste-t-il. Anne-Gaëlle (qui préfère garder l’anonymat), une enseignante dans la cinquantaine, ne peut également se passer de sa voiture. Cependant, elle déplore, au contraire, « que les progrès en matière de transition ne soient pas assez rapides ». Elle critique la coupe excessive des haies, l’utilisation de pesticides pour éradiquer les mauvaises herbes et l’usage de glyphosate par les agriculteurs. « Deux univers opposés », résume Sophie Talabot, une dame retraitée de 76 ans. « On n’est pas en colère, mais c’est parfois complexe d’engager une discussion. »
La communauté de communes du Clunisois, qui comprend La Vineuse-sur-Frégande, fait de l’écologie une priorité absolue. En 2021, un projet audacieux de préservation de l’environnement a été lancé par les quarante et une municipalités de la structure. Intitulé « Vivre ensemble en Clunisois… dans le monde d’après », ce projet vise rien de moins que la neutralité carbone d’ici 2040, une décennie avant l’objectif national. Atteindre cet objectif signifie réduire à un cinquième l’empreinte écologique des 14 500 résidents, soit passer de 7 tonnes de carbone par an et par personne en 2020 à 1,4 tonne en 2040 – un objectif énorme.
Pour éviter des conflits, des tactiques intelligentes ont été utilisées. Les termes « écologie » et « sobriété » ont été délibérément omis. Jean-Luc Delpeuch, 65 ans, président de la communauté de communes et ancien maire de Cluny, explique que bien qu’ils n’aient pas honte de ces termes, ils ne voulaient pas créer de résistance parmi les gens. Selon lui, l’écologie est souvent déformée comme une discipline punitive, et cela peut facilement rendre les gens condescendants. Au lieu de cela, l’effort a été orienté vers la préservation des paysages du Clunisois et la mise en évidence des avantages économiques de la transition écologique. Ce projet est le fruit de soixante-quinze réunions de travail étendues sur huit mois.
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