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11 août 2024 9 h 11 min

« Porter son ciré en Bretagne »

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Suite à la réouverture de la France aux visiteurs américains et aux Jeux Olympiques, plusieurs boutiques ont commencé à proposer des aimants, ornés de la Tour Eiffel et de baguettes. Plus surprenant encore, une profusion de bérets est disponible, en grande partie grâce au succès de la série Emily à Paris qui a persuadé le reste du monde que le béret est toujours porté en France. Cela a amusé certains Parisiens qui étaient déjà en route pour la Bretagne, transportant avec eux des vêtements marins traditionnels, des vestes en toile cirée et des bottes Aigle.

Cependant, il est bien connu que les locaux ne cherchent pas à se déguiser en stéréotypes régionaux, ni à prendre leur petit-déjeuner dans un bol personnalisé. Ils n’éprouvent pas non plus le besoin de porter des t-shirts affichant le nom de leur destination de vacances. Si jamais ils se perdent, leur sens de l’orientation est suffisamment affûté pour qu’ils n’aient pas à consulter le nom imprimé sur leur vêtement pour savoir où saisir dans leur GPS.

Malgré cela, certains sont tentés de s’immerger ou de rendre homage au lieu où ils passent leurs vacances, souvent avec autant de discrétion que Dupond et Dupont tentant de se fondre dans la foule en vêtements Syldave. La créatrice Chantal Thomas est peut-être la seule à mettre des bottes en caoutchouc au marché de Mortagne-au-Perche.

Pareillement, Elon Musk, dirigeant de SpaceX et Tesla, s’est mis au chapeau de cowboy depuis qu’il a déplacé ses affaires au Texas. Je me rappelle avoir photographié deux motards sur des Harley-Davidson, couverts de cuir et poussières, se rafraîchissant dans un saloon californien. Après une petite conversation, il s’est avéré qu’ils étaient en réalité des cadres en marketing pour Christian Dior en Allemagne.

C’est une manière pour eux d’affirmer leur appartenance à une certaine classe de goût.

Parfois, l’étrange notion que l’habillement local est le plus approprié au climat et au style de vie conduit les gens à porter des vêtements spécifiques comme la chemise Souleiado en Provence, la tunique voilée de coton en Inde, le sarouel au Maroc du Sud, et les sandales spartiates dans les Cyclades. « J’opte pour ma marinière et mon imperméable jaune en Bretagne parce qu’il convient mieux au temps là-bas qu’à Malakoff, » m’expliquait une camarade.

Pourtant, ce n’est pas toujours dans le but de s’intégrer avec les habitants locaux, ce pourrait être une forme de reconnaissanc et d’acceptation mutuelle parmi ceux qui viennent du même lieu, comme les voisins d’Yvelines, passant leurs vacances exactement au même endroit, tout comme la marque 64 du Pays Basque.

Si l’idée est de s’habiller localement pour s’intégrer, c’est un échec. Si l’intention est de rendre hommage au pays hôte estival, cela échoue également. Comme le fait remarquer une amie bretonne lorsque elle voit des Parisiens portant des marinières sur un sentier côtier, « C’est plutôt un hommage à Menhirland ! » Sa propre marinière provient de son oncle qui l’a obtenue de l’arsenal de Brest, elle a 40 ans et n’a pas bougé d’un pouce, c’est un vêtement avec une histoire. Elle peut même distinguer, à distance, la vareuse d’un Hauts-de-Seine de celles des marins pêcheurs de Douarnenez, dont le bouton est cousu à l’intérieur pour éviter d’être accroché par un filet de pêche.

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