A une courte distance du parc éphémère des Nations, un endroit célèbre pour les célébrations olympiques, une queue persistante s’étend le long de l’avenue de la Porte-de-La-Villette, dans le 19e quartier de Paris. Le mercredi 7 août, plusieurs centaines d’individus vivant dans une extrême précarité attendaient pour un repas chaud.
« Il suffit de nous regarder, et de voir la beauté et la propreté de la France, » dit Issam (un pseudonyme, comme la plupart des personnes citées). « Il y a la France des Olympiques, la France des touristes, et puis il y a ce que l’on préfère ignorer, des gens comme moi pour qui rien ne change. » Depuis qu’il a été expulsé d’un foyer il y a un an et qu’il vit dans la rue, cet homme de 46 ans, originaire d’Algérie, a subi de nombreux contrôles policiers. « Paris est en mode de célébration, mais je me sens davantage scruté, plus dérangeant, avec mon sac à dos. On me voit comme une menace », déplore-t-il.
La grande salle à manger où l’association La Chorba sert les repas est toujours pleine. En fin d’après-midi, une file d’attente se forme le long du bâtiment, qui est adjacent à la salle de concerts du Glazart. Ce sont principalement des hommes, en grande majorité sans papiers et sans domicile. Pauline Duhault, l’une des responsables de l’association, n’a pas observé de diminution de la fréquentation depuis le début des Jeux Olympiques. « Nous continuons à servir entre 700 et 800 repas par service », explique-t-elle, « mais nous voyons beaucoup de nouveaux visages, et nettement moins de mineurs non accompagnés. ».
Après le dîner, on se détend en sirotant un thé ou un café à l’extérieur. Parmi ceux qui se trouvent là, il y a Sadiq, un Algérien de 37 ans. Il vit sous une tente à Antony, situé dans le département des Hauts-de-Seine, et travaille occasionnellement « au noir » dans le secteur de la construction. Depuis le début des Jeux Olympiques, il a remarqué une augmentation des contrôles, bien qu’il n’a pas de papiers d’identité. Pourtant, les forces de l’ordre le laissent partir.
De son côté, Walid, un Tunisien de 46 ans, est également une cible d’intérêt. Portant une chemise écossaise avec un t-shirt affichant le logo de la série télévisée Stranger Things, il travaille dans le secteur informel sur les marchés et passe ses nuits dans la rue, près de la porte de Clignancourt.
Il y a aussi Akram, un homme de 40 ans dont la situation est régularisée. Cela fait un an qu’il vit dans la rue, depuis sa séparation d’avec sa femme. Vous pouvez le trouver à côté de la gare de Lyon, ou dans un parc. Il est sur le point de commencer une formation en manutention. Les forces de l’ordre ne semblent pas particulièrement intéressées par sa situation.
Ces formes de pauvreté, qui restent à l’écart des zones olympiques et touristiques de la capitale, ne sont pas les priorités de la Préfecture de police de Paris, tant qu’elles ne font pas de vagues.
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