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11 août 2024 18 h 06 min

« Guerre Ukraine: Véhicules Blindés à Soumy »

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Consultez tous nos écrits, évaluations, et couvertures médiatiques sur le conflit en Ukraine. Explorez des détails approfondis et des éclaircissements du journal « Le Monde ». Le ministre ukrainien, Mykhaïlo Fedorov, a exprimé que l’aspect inattendu des technologies est au cœur de la guerre asymétrique? L’attaque ukrainienne en Russie possède des risques élevés pour Kiev. Pour ce qui concerne les Jeux Olympiques de 2024, la peur de la guerre aborde toujours les esprits des athlètes ukrainiens derrière leurs réussites sportives. Le futur du conflit ukrainien reste très instable.

Concernant vos questions fréquemment posées, comment est-ce que Moscou et Kiev emploient des drones? La bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a évolué de manière exceptionnelle au cours des derniers mois. Selon une étude publiée en Mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens ont perdu environ 10000 drones chaque mois sur le front, ce qui équivaut à plus de 300 chaque jour. En comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3000 drones dans ses installations.

Les Ukrainiens et les Russes emploient principalement de petits véhicules aériens sans pilote (UAV) d’origine civile, disponibles en grande quantité et à bas coût. Ces UAV sont utilisés pour surveiller la zone de guerre, et diriger les soldats ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins nombreux, les drones kamikazes jouent un rôle crucial. Equipés charge de destruction, ces UAV sont envoyés au-dessus de la ligne de combat sans cible précise. La Russie utilise ses propres drones Lancet-3 ainsi que les Shahed-136 fabriqués en Iran. Cependant, en dépit de l’absence d’une flotte militaire considérable, l’Ukraine défie son adversaire à l’aide de véhicules maritimes non-pilotés, de petits kayaks contrôlés à distance et armés d’explosifs (450 kg de TNT).

En témoignage de l’importance cruciale des drones dans leurs opérations militaires, tant les Ukrainiens que les Russes se sont arrangés pour soutenir leurs troupes à long terme, non seulement en achetant en grand nombre des drones civils sur le marché, mais aussi en établissant leurs propres capacités de production. Bien que balbutiante au début de la guerre du Donbass déclenchée il y a une décennie, l’industrie ukrainienne a depuis gagné en force. A la fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la réalisation d’un clone du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Contrainte par les sanctions occidentales qui restreignent sa capacité à s’approvisionner en composants électroniques, la Russie a du mal à suivre. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, afin de produire des drones-kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136.

Qu’en est-il des réserves de missiles russes ? Il est très difficile, si ce n’est impossible, de déterminer l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations sont discutables.

D’après Andri Ioussov, représentant de la Direction Générale de l’Intelligence au sein du Ministère de la Défense (le GUR), l’armée russe possédait avant le conflit, 2300 missiles, soit balistiques soit de croisière. En début d’année, plus de 900 étaient toujours en leur possession – toujours selon cette source. De plus, le représentant mentionne l’existence de plusieurs milliers de missiles anti-aériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un important arsenal de S-400, une version plus récente trois fois plus puissante. En août, Vadym Skibitsky, le second dirigeant du GUR, a indiqué que 585 missiles avaient une portée de plus de 500 kilomètres.

Quant à la production, elle aurait augmenté pour atteindre un taux de production mensuel de 100 missiles balistiques ou de croisière, selon plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

En outre, la Russie semble avoir acquis des missiles à courte portée en provenance d’Iran et de Corée du Nord et continuerait à s’en approvisionner. Reuters, s’appuyant sur plusieurs sources iraniennes, a révélé que 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés depuis janvier, un accord ayant été conclu à cette date. Le nombre exact de missiles nord-coréens acquis par la Russie n’est pas connu, bien que 24 aient été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les restes et les trajectoires soupçonnent qu’ils pourraient être des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et pour ce qui est des avions de combat F-16?

Répondant à la requête à long terme du président ukrainien, en août 2023, les États-Unis ont donné leur feu vert pour transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Plus de 300 avions de combat F-16 sont potentiellement disponibles dans neuf pays européens, tels que la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, mais tous ne sont pas en mesure de les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a annoncé que 42 avions F-16 seraient fournis à Kiev par ses alliés occidentaux, bien que ce chiffre reste à confirmer. Le Danemark s’est engagé à fournir 19 de ces avions, dont les six premiers devraient être livrés avant la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas se sont également engagés à donner des avions, bien qu’ils aient 42 unités et n’aient pas indiqué combien ils prévoyaient de céder.

Les pilotes ukrainiens doivent également être entrainés pour piloter ces avions de combat américains. Onze alliés de Kiev se sont engagés à former les pilotes. L’OTAN a évalué que les troupes ukrainiennes ne seraient pas capables d’utiliser les avions en situation de combat avant début 2024, certains experts visent plutôt l’été de cette même année. Quel est le niveau de soutien militaire que ses alliés offrent à Kiev?

Deux ans après le commencement des hostilités à grande échelle, le soutien occidental à Kiev semble être en déclin. Les aides financières décidées récemment ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 comparé à la même période de l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Ce phénomène pourrait continuer, le sénat américain éprouvant des difficultés à approuver de nouvelles aides, alors que l’Union européenne (UE) a fait face à des obstacles lors de l’adoption d’une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’un blocage hongrois. Ces deux lots d’aides ne sont pas comptabilisés dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui se termine en janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand indiquent que le nombre de donateurs diminue et se resserre autour d’un groupe de pays tels que les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent à la fois une aide financière importante et de l’équipement militaire de pointe. Depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière, ou humanitaire.

En termes absolus, ce sont les pays les plus riches qui ont été les plus généreux. Les États-Unis sont les premiers donateurs avec plus de 75 milliards d’euros annoncés, dont 46,3 milliards d’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont fourni à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides communes provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Si l’on considère ces contributions par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la situation se modifie. Les États-Unis se retrouvent en vingtième position (avec 0,32 % de leur PIB), bien derrière des nations proches de l’Ukraine ou d’anciennes provinces soviétiques alliées. L’Estonie se hisse en première position dans le classement des aides proportionnelles au PIB, avec 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois pays baltes, tous partageant des frontières avec la Russie ou son partenaire la Biélorussie, font partie des donateurs les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.

En termes de pourcentage du PIB, la France est vingt-septième, avec 0,07 % de son PIB engagé, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance apportée par Paris a constamment diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Quelles informations avons-nous sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les mois passés ont été marqués par une tension accrue entre la Pologne et l’Ukraine, principalement due au transit de céréales ukrainiennes. Au début de 2022, la Commission européenne a instauré des « corridors de solidarité » afin de faciliter l’exportation et la vente des produits agricoles ukrainiens en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient, exempts de droits de douane. Cependant, la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions agricoles mondiales, a révélé qu’environ 50% de ces céréales finissent ou transitent par l’Union européenne (UE). Leur coût est nettement inférieur à celui du blé produit en UE, en particulier en Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont avancé que ces importations perturbaient leur marché local et, par conséquent, entravaient les revenus de leurs agriculteurs. Ces pays ont alors mis un frein unilatéral à leurs importations en avril 2023, une mesure approuvée par Bruxelles, mais avec la condition qu’elle ne limite pas le transit vers d’autres pays et expire après quatre mois.

Cependant, la Pologne a maintenu sa position en refusant de rouvrir ses frontières aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été. Varsovie a estimé que le problème fondamental n’était toujours pas résolu, malgré les affirmations de Bruxelles selon lesquelles l’embargo n’était plus justifié car leurs analyses prouvaient que les marchés nationaux des céréales ne subissaient plus de distorsions.

Les protestataires agricoles de Pologne barrent l’entrée aux véhicules ukrainiens à la frontière polono-ukrainienne, cherchant à instaurer un « embargo absolu » sur les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes. Ils critiquent l’augmentation massive de leurs frais de production à un moment où leurs silos et entrepôts sont bondés, les tarifs sont à des niveaux planchers. En 2024, le chef de l’état ukrainien avait déclaré que l’isolement de la frontière polonaise symbolisait  » le délabrement de la solidarité  » envers l’Ukraine, et a sollicité une discussion avec la Pologne. « Seule Moscou se plaît » dans ces tensions, a-t-il également affirmé, en condamnant « la diffusion de slogans ouvertement favorables à Poutine ».