Le dimanche 11 août, deux migrants ont péri en mer près de Calais. Ce qui porte à neuf le total des décès enregistrés lors de tentatives de traversée de la Manche le mois précédent. Bien que cinquante-trois migrants aient été sauvés, deux autres n’ont pas survécu. L’un a été déclaré mort au port de Calais et l’autre est décédé à l’hôpital de Boulogne-sur-Mer selon la Préfecture Maritime.
Un bateau en détresse signalant des personnes à l’eau au large de Calais a été repéré en matinée ce même dimanche, selon un communiqué de la préfecture de la Manche et de la mer du Nord. Une centaine de migrants ont été secourus entre cette opération et une autre, tous débarqués à Calais. « Cinq d’entre eux sont dans un état d’urgence relative », a indiqué Jacques Billant, le préfet du Pas-de-Calais.
Guirec Le Bras, le procureur de Boulogne-sur-Mer, a ouvert une enquête sur des allégations d’aide aux étrangers en situation irrégulière et mise en danger de la vie d’autrui, entre autres délits. Aucune arrestation n’a été effectuée ce dimanche en milieu d’après-midi.
Les dernières semaines ont été marquées par une série de drames au large des côtes françaises. Sept décès ont été recensés en juillet lors de tentatives de traversée de la Manche sur des embarcations de fortune, un chiffre plus élevé en été. Ces migrants tentent de rejoindre l’Angleterre, qui a été le théâtre de violences lors de manifestations anti-immigration et anti-musulmanes récentes.
Dans la semaine du 12 au 19 juillet, trois catastrophes distinctes en mer ont provoqué la mort de six migrants, dont une femme érythréenne décédée le 17 et un homme, le 19. Le 28 juillet, Dina, une jeune femme de la minorité apatride « bidoun » du Koweït, âgée de 21 ans, est décédée lorsque le bateau qui devait la transporter vers l’Angleterre a été écrasé. Les embarcations étaient surchargées, avec une occupation allant jusqu’à 86 personnes à bord le 19 juillet.
Au total pour l’année 2023, douze migrants sont morts en tentant de traverser la mer vers l’Angleterre, selon les statistiques de la Prémar. Malheureusement, ce bilan a été largement dépassé en 2024, avec vingt-cinq décès signalés depuis le début de l’année, a annoncé le préfet du Pas-de-Calais.
Les tentatives de traversée impliquent généralement des embarcations de piètre qualité, souvent surchargées, sous-gonflées et dépourvues de plancher. De plus, les voyageurs manquent souvent de gilets de sauvetage, a déploré le préfet. L’association L’Auberge des migrants a condamné cette situation mortelle en déclarant : « Cette frontière tue en silence ».
Selon AFP, basé sur les données des autorités britanniques, le nombre de personnes ayant réussi la traversée en utilisant des « small boats » ou petites embarcations était presque identique à celui de la même période de l’année record de 2022, avec un total de 17 639 personnes jusqu’au 8 août.
L’intensification de la lutte contre les passeurs est une priorité.
Depuis un certain temps, la France et le Royaume-Uni s’efforcent de freiner les essais de traversée de la Manche sur des embarcations gonflables. Emmanuel Macron, le chef d’État français, et le tout récent Premier ministre britannique, Keir Starmer, se sont engagés mi-juillet à « améliorer leur collaboration en matière d’immigration irrégulière », lors d’un sommet avec une quarantaine de leaders européens.
Starmer, en prenant les rênes en juillet, a mis fin au controversé projet d’expulsion de migrants vers le Rwanda, initié par les conservateurs au pouvoir en 2022 mais jamais appliqué. À la place, il a déclaré son intention d’accélérer le processus d’examen des demandes d’asile tout en intensifiant la lutte contre les passeurs pour « consolider » les frontières.
Jacques Billant rapporte que « depuis le début de l’année 2024, plus de 350 arrestations ont eu lieu et plus de quinze réseaux de passeurs ont été démantelés ».
Ces derniers temps, Starmer a dû gérer de violentes émeutes d’extrême droite qui ont secoué le Royaume-Uni pendant une semaine suite au meurtre de trois petites filles le 29 juillet, en raison de rumeurs en ligne en grande partie infondées dépeignant le suspect de l’attentat comme un demandeur d’asile musulman. En fait, il s’agit d’un adolescent de 17 ans né à Cardiff dont les parents, selon les reportages, sont originaires du Rwanda.