Le gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva est confronté à un dilemme délicat : devoir maintenir l’intégrité démocratique sans compromettre les relations avec un partenaire historique, l’occasion de la récente crise électorale au Venezuela. Nicolas Maduro, qui prétend avoir remporté la présidentielle du 28 juillet avec 51% des votes, est sous pression constante du président brésilien pour divulguer les résultats des bureaux de vote. Le 5 août, une déclaration conjointe a été signée par Lula et Emmanuel Macron, affirmant leur soutien pour des élections transparentes au Venezuela.
Cependant, à peine une semaine auparavant, l’ancien ouvrier sidérurgiste ne voyait pas la préoccupation dans la conjoncture actuelle de son voisin. Des violences avaient déjà coûté la vie à 11 personnes en soutien à Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l’opposition, qui prétend avoir remporté 70% des votes, à cette date. Alors que le 8 août, diverses organisations de défense des droits de l’homme comptaient déjà 24 morts.
L’attitude ambivalente du président brésilien pourrait s’expliquer par la nécessité d’éviter le sort subi par sept nations (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay), dont les ambassadeurs à Caracas ont été renvoyés le 29 juillet pour avoir réclamé des preuves de l’issue des élections. Le texte fait remarquer qu’il existe un « risque réel de guerre civile ».
Dans l’espoir de tirer parti de leur proximité relative avec le régime chaviste pour apaiser les tensions actuelles, le Brésil, la Colombie et le Mexique mènent une alliance de pays dirigée par la gauche. Ils ont récemment émis une déclaration commune, soulignant l’importance d’une vérification impartiale des résultats, respectant ainsi le principe fondamental de la souveraineté populaire.
L’opposition vénézuélienne semble avoir beaucoup d’espoirs en Lula, avec Juan Guaido, ancien leader de l’opposition et autoproclamé « président par intérim » en 2019, exprimant son optimisme. Selon lui, Lula pourrait être une figure-clé dans la reconnaissance de l’échec de Maduro et dans la gestion d’une transition possible.
Lula, pour sa part, semble se concentrer sur la stabilité politique et économique de la région. Comme l’explique Guilherme Casaroes, chercheur en relations internationales à la Fondation Getulio Vargas, la position brésilienne est qu’une pression excessive sur Maduro pourrait aggraver dangereusement la situation. Il souligne le risque potentiel d’une guerre civile au Venezuela, ou d’un conflit avec le Guyana, dont Caracas revendique deux tiers du territoire, afin de gagner en légitimité auprès de la population vénézuélienne.
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