Trouvez tous les épisodes de la série « Des œuvres qui ne manquent pas de chien » ici. Il ne jappe pas, ne pleure pas et exécute les ordres qui lui sont donnés. Sur scène, le chien est un collaborateur idéal pour le théâtre, trotte poliment, obéit lorsqu’on lui demande de s’asseoir, s’allonge si besoin. Il vient juste humer les chaussures des spectateurs assis aux premiers rangs. Il leur est strictement interdit de le caresser pour ne pas le distraire.
Cette année, nous avons vu deux spectacles où le chien jouait le rôle principal, remplaçant un enfant, un confident, voire un psychanalyste. Miky, un petit chien, était serré contre Marina Hands au Théâtre du Vieux-Colombier à Paris. Il était extrêmement confortable dans les bras de l’actrice, qui est également sa propriétaire. Dans le spectacle « Le Silence » dirigé par Lorraine de Sagazan, Miky ne faisait pas de bruit et Marina Hands restait silencieuse. Cependant, leur interaction était expressive, avec le regard tendre de l’animal et le sourire attendri de l’actrice, probablement apaisée par cette complicité restante au milieu d’un drame terrible : elle incarnait une mère endeuillée de son enfant. Il est aussi possible que le public ait trouvé un certain réconfort en voyant Miky, qui ramenait de la vie là où la mort était présente.
Les chiens sur les scènes de théâtre ont une utilité spécifique: ils incarnent les émotions et fournissent un contexte indispensable à une histoire. Juste avant le Silence, au Théâtre du Rond-Point à Paris, Yuval Rozman dirigeait une pièce mettant en vedette Ahouvi, où deux bergers australiens, Yova et Epops, jouaient alternativement. Leur mission? Remplacer le rôle d’un enfant pour un couple en plein conflit, agissant comme des intermédiaires entre des amants et exprimant leur préférence ou leur indifférence, aggravant éventuellement le conflit avec leurs truffes humides.
Il y a des moments inoubliables où l’attrait des chiens sur scène est bien palpable. Même si cela semble exagéré, il est certain qu’ils avaient une grande présence sur scène, attirant souvent l’attention du public plus que les acteurs humains. Le chien a la capacité de détourner l’attention de l’acteur, parfois même de manière violente. En 2008, lors du Festival d’Avignon, Brigitte Salino a décrit dans Le Monde une scène particulièrement marquante d’un spectacle d’été. Dans « L’Enfer de Dante », des chiens ont été amenés sur la scène du palais des papes, au centre du jardin de l’honneur. Sept chiens de grande taille, attachés par leurs propriétaires et laissés crier sur une scène vide et sombre. Parallèlement, un homme revêtait une protection robuste sur ses vêtements de tous les jours. Une fois prêt, trois autres chiens lui ont été relâchés dessus. Ils le piétinaient, essayant de déchirer l’armure qui le protégeait. À un coup de sifflet, ils sont partis, l’homme s’est levé et a disparu sous un arc. L’homme était Romeo Castellucci, le concepteur du spectacle.
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