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9 août 2024 7 h 06 min

Témoignage roumain relance mouvement #metoo

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La blessure d’Alexandra Costa, infligée en 2014, demeure vivace dans sa mémoire et sa peau. À 19 ans, son rêve de rejoindre l’École nationale d’études politiques et administratives (SNSPA), un pôle d’excellence en sciences politiques en Roumanie, est devenu réalité. Cependant, ce moment de gloire a rapidement tourné au cauchemar à la suite de sa rencontre avec Alfred Bulai, son professeur de sociologie âgé de 51 ans à l’époque. Selon elle, leur interaction a franchi les frontières d’une relation normale entre un enseignant et son élève lorsque M. Bulai l’a conviée dans son bureau et lui a demandé de se dévêtir.

Son histoire sombre et saisissante expose une jeune universitaire qui a sombré dans une profonde dépression, aux prises avec de fréquentes attaques de panique alors qu’elle s’efforçait de poursuivre ses études. « Je ne pouvais pas sortir du campus universitaire pendant des semaines », se remémore-t-elle. « La force me manquait pour me lever de mon lit, tous mes plans de vie ont été ruinés. J’avais une telle honte que je n’ai pas osé porter plainte, je ne me reconnaissais pas, je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait ». Au cours de sa troisième année, elle abandonne finalement ses études, et quitte le pays.

Le récit de son expérience a été rendu public le 28 juillet par Snoop.ro, une entité indépendante d’investigation journalistique. La divulgation des épreuves d’Alexandra Costa a eu un impact immédiat, alimentant le mouvement #metoo en Roumanie. Malgré l’engagement de la direction de la SNSPA à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour protéger ses élèves du harcèlement sexuel, une certaine tension persiste, alors que les plaintes s’accumulent à l’encontre de plusieurs enseignants.

Le 29 juillet a marqué le début de l’enquête du parquet de Bucarest contre Alfred Bulai, avec vingt victimes apportant leurs témoignages. « Le harcèlement sexuel conduit à des conséquences dévastatrices pour les victimes. Je reconnais le courage de ceux qui témoignent, exhortant toutes les victimes à signaler ces abus », a déclaré Ligia Deca, ministre de l’éducation.

Alfred Bulai, avec son influence dans l’espace public, a longtemps empêché les plaintes pour ses comportements abusifs d’être entendues. En commentant la politique sur diverses chaînes de télévision, M. Bulai est devenu une autorité respectée, renforcée par son parcours distingué de vice-doyen de la SNSPA pendant dix ans, d’ancien secrétaire d’État et de président de l’Agence pour les stratégies gouvernementales de 2006 à 2009. Son réseau politique lui a accordé un sentiment d’impunité.

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