Aujourd’hui, s’assurer un accès approprié aux services médicaux est une préoccupation dominante pour les citoyens français, surpassant des sujets tels que le terrorisme, la régulation de l’immigration ou combattre le changement climatique, selon des enquêtes d’opinion récentes (comme par exemple l’enquête Ipsos, « Ce qui inquiète les Français », en juillet).
Les insuffisances sont reconnues, détaillées et font partie de l’expérience quotidienne de chacun. D’après le ministère de la Santé, 87% du territoire français est considéré comme une zone médicalement défavorisée, et un tiers de la population n’a pas un accès satisfaisant aux soins médicaux. Les services d’urgence sont en difficulté, débordés, sont fermés ou doivent faire une sélection. Obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ou accéder à un centre d’expertise peut prendre des mois, à supposer qu’ils acceptent encore de nouveaux patients.
C’est le cas, par exemple, des centres de soulagement de la douleur, des centres médico-psychologiques, ou des équipes de soins palliatifs, où seulement la moitié des patients ayant un besoin réel y ont accès, alors qu’ils souffrent de maladies sévères en stade parfois très avancé (rapport de la Cour des comptes, juin 2023). Très souvent, l’accès aux soins dépend de vos connections. « Tu connais un bon spécialiste ? », « Pourrais-tu mentionner mon cas ? », « Connais-tu quelqu’un dans ta famille qui en connaît un autre ? » Ainsi, le capital social est devenu le meilleur atout en matière d’assurance santé, alimentant un sentiment profond d’insécurité médicale dans le pays.
Le soin est un engagement.
L’incapacité à obtenir des soins de santé pour soi ou ses proches engendre une colère intense et est souvent la source d’un sentiment d’injustice. Cette situation, parfois exacerbée, conduit à des actes de violence contre les professionnels de la santé. Lorsque le système de santé publique ne peut plus fournir de soins, cela peut conduire à un renversement complet de la situation. Le vote des dernières semaines témoigne également de cette réalité.
En tant que professionnels de la santé, notre présence n’est pas un hasard. Nous sommes ici pour l’être humain. Que vous soyez infirmières, auxiliaires de soins, psychologues, pharmaciens ou médecins, nous accueillons tous ceux qui ont besoin d’aide. Chaque jour, nous aidons les individus dans toute leur diversité. Qu’ils soient de gauche ou de droite, français ou étrangers, avec ou sans papiers, ils sont simplement humains, et notre devoir est de les aider à guérir ou à vivre avec une maladie, parfois même jusqu’à leur mort.
En effet, prendre soin des autres est un engagement politique dans son sens le plus pur : notre engagement à soigner tous les individus sans distinction, avec compassion et attention, car la relation de soins est un bien universel. Même si la société valorise le pouvoir, le contrôle et la force, nous, en tant que professionnels de la santé, sommes là pour soulager la souffrance, comprendre, et offrir un soutien. Cependant, notre système de santé public est actuellement à bout, tant pour les patients que pour les professionnels. Chaque jour, nous constatons avec préoccupation la vulnérabilité de notre système de santé et son incapacité croissante à répondre aux besoins de tous.
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