Dans la ville portuaire d’Aktaou au Kazakhstan, Sonia, une sexagénaire à la retraite s’engage dans son exercice matutinal sur la promenade piétonne, avec la mer Caspienne en toile de fond. Elle désigne des rochers et de la flore sauvage sous la promenade en affirmant que la rive recule, un fait observable par tous. Elle rappelle qu’autrefois l’eau atteignait l’endroit où ils se trouvent maintenant, qui est à plusieurs mètres de son niveau actuel.
À une certaine distance de là, sur la plage, des coquillages jonchent le sable, bien loin des toutes premières vagues de la mer salée. Ils marquent le niveau d’eau antérieur, attestant que la mer a commencé à se retirer sans interruption depuis 2006. D’après l’institut d’hydrobiologie et d’écologie du Kazakhstan, la profondeur de cette mer intérieure, presque de la taille de la Norvège (avec 371 000 km²), diminue d’environ 25 centimètres chaque année. Depuis le début des années 2000, la profondeur de la mer Caspienne a baissé de deux mètres en totalité et elle s’est réduite de 22 000 km² sur une période de dix-huit ans. La majorité de cette réduction concerne la partie kazakhe de la mer.
Cela rappelle à ce pays d’Asie centrale le destin tragique de la mer d’Aral, située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui a perdu 90% de son eau durant l’époque soviétique. La mer « respire », souligne la description.
Les préoccupations pour la mer Caspienne ne sont pas aussi fortes parmi les scientifiques, malgré le débat continu sur les causes de son déclin. Certaines théories pointent vers le changement climatique et les déplacements tectoniques; d’autres pensent que la mer « respire » naturellement, naviguant entre des phases de recul et d’avance. De 1930 à 1977, la mer Caspienne s’est effectivement retirée à près de 30 mètres le long des rivages du Kazakhstan, suivie par une période de hausse significative du niveau de l’eau de 1978 à 1995. Ceci a partiellement inondé certaines villes côtières du pays.
« Beaucoup se rappellent de cette ère d’élévation de l’eau, c’est pourquoi la question ne suscite pas assez d’inquiétude », indique Kirill Osin, écologiste et activiste. Interrogé par Le Monde, le ministère des ressources en eau et de l’irrigation déclare qu’il « n’y a pour le moment aucune problématique d’assèchement de la mer Caspienne ». « Cependant, l’avilissement continu du niveau de la mer aura des répercussions négatives, ce qui demande une investigation plus approfondie », précise le ministère.
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