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9 août 2024 5 h 06 min

Pression croissante, Maduro suspend X

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Jeudi 8 août, le Mexique, le Brésil et la Colombie ont souligné l’importance pour Caracas de publier les procès-verbaux de l’élection présidentielle suite à la controversée réélection du président Nicolas Maduro. Washington a lancé un avertissement à Maduro contre toute tentative d’arrestation des dirigeants de l’opposition. Maduro, se sentant victime d’un complot, a décidé de mettre la plateforme X en pause pendant dix jours.

Selon une déclaration commune, ces trois pays de gauche affirment que le Conseil national électoral (CNE) a la responsabilité légale de dévoiler de manière transparente les résultats des élections. Ils reconnaissent le procédé lancé auprès de la Cour suprême (Tribunal suprême de justice TSJ) par Maduro pour légitimer sa victoire, mais ils insistent sur le fait qu’il est préférable d’autoriser un contrôle impartial des résultats, respectant ainsi le principe fondamental de la souveraineté populaire.

Le CNE a confirmé le 2 août la victoire de Maduro avec 52% des voix, sans toutefois dévoiler le décompte précis des voix et les procès-verbaux des bureaux de vote, prétendant être victimes d’un piratage informatique. L’opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus par ses scrutateurs (que Maduro rejette comme étant valides) soutient que Edmundo Gonzalez Urrutia, remplaçant de la dirigeante de l’opposition Maria Corina Machado, jugée inéligible, a gagné l’élection avec 67% des voix.

L’opposition et de nombreux observateurs pensent que l’allégation de piratage informatique du CNE par le gouvernement est une excuse pour ne pas publier les procès-verbaux. Le CNE et le TSJ sont perçus comme étant contrôlés par le gouvernement.

Après la proclamation de la victoire du président en place, les troubles qui en ont découlé ont fait 24 victimes, d’après les associations de défense des droits de l’homme. Le président Maduro a annoncé deux décès au sein de la garde nationale et plus de 2200 arrestations.

Washington, qui dirige les sanctions contre le Venezuela, a renforcé son discours, avertissant que l’emprisonnement des dirigeants de l’opposition pourrait engager davantage la communauté internationale, y compris ceux qui souhaitent éviter les conflits avec le Venezuela. L’ambassadeur américain auprès de l’Organisation des États américains, Francisco Mora, a estimé que si Maduro procède ainsi, cela rassemblera la communauté internationale d’une façon qu’il n’imagine pas.

La leader de l’opposition, Mme Machado, et le diplomate discret, M. Gonzalez Urrutia, se cachent depuis plus d’une semaine, craignant pour leur vie. Une enquête pénale a été ouverte contre les deux dirigeants pour des accusations diverses, dont l’usurpation de fonctions et la diffusion de fausses informations.

Face à l’autorité absolue, M. Gonzalez Urrutia, âgé de 74 ans, n’a pas assisté à une convocation du TSJ qui a appelé tous les candidats et d’autres responsables. M. Maduro est pour sa part convoqué ce vendredi à midi, heure locale au Venezuela (17h, heure de Paris).

Au cours d’une conférence vidéo adressée aux médias mexicains, Mme Machado a averti d’une migration de masse inédite si Nicolas Maduro, le président actuel, continue à exercer le pouvoir. Elle a indiqué qu’un afflux migratoire d’une ampleur jamais vue auparavant pourrait se produire si Maduro s’obstinait à rester au pouvoir, avec trois à cinq millions de Vénézuéliens qui quitteraient le pays en très peu de temps. Selon les informations de l’ONU, sept des trente millions de Vénézuéliens sont partis de leur pays en une décennie due à la crise économique et politique, certains se dirigeant vers d’autres pays d’Amérique latine et d’autres vers les États-Unis.

Jeudi soir, le président Maduro, entouré de centaines de supporters dans le centre de Caracas, a annoncé la suspension du réseau X pour une durée de dix jours. Il a déclaré qu’il se battra contre l’espionnage mené par l’empire technologique et qu’Elon Musk a enfreint toutes les règles du réseau social Twitter, désormais appelé X, en propageant la haine et le fascisme. Maduro, qui incrimine fréquemment le milliardaire américain d’organiser des complots à son encontre, avait annoncé lundi qu’il cesserait d’utiliser WhatsApp tout en critiquant les réseaux sociaux pour avoir tenté de perpétrer un « coup d’État cyberfasciste criminel » à la suite de son élection contestée. Maduro et les autorités ont maintes fois reproché à Musk de s’être impliqué dans « l’attaque cybernétique massive » du CNE, selon les mots de la vice-présidente Delcy Rodriguez, qui a condamné « la dictature des réseaux sociaux » cherchant « à supplanter la volonté populaire des gouvernements élus par leurs citoyens ».

Elle a critiqué la communauté internationale devant un groupe de diplomates, disant : « On assiste à une obsession mondiale pour les procès-verbaux, on pourrait presque en faire une série sur Netflix ». « Pardonnez-moi, Mr. l’ambassadeur français, mais les procès-verbaux ont même relégué les Jeux Olympiques au second plan », a-t-elle déclaré avec ironie.