Deux années après sa condamnation à l’arrêt de ses opérations, le site d’actualités philippin Rappler a gagné un combat majeur dans le domaine juridique. Rappler a vu sa fermeture, annoncée en juin 2022 par la Commission financière philippine, être révoquée par la cour d’appel de Manille, selon un document de la décision partagé à la presse le vendredi 9 août.
La décision initiale avait été prise à la veille du départ du Président Rodrigo Duterte, que Rappler avait souvent critiqué, surtout concernant sa violente lutte contre la drogue. Comme déclaré par la cofondatrice Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix en 2021, la rédaction de Rappler a continué son travail pendant deux ans grâce à une procédure d’appel en suspens.
Cette tentative a finalement réussi. La cour d’appel de Manille a jugé que la condamnation iniale était selon eux une action « arbitraire » qui allait à l’encontre de la Constitution. Maria Ressa, journaliste originaire des États-Unis et des Philippines et ayant travaillé pour CNN, a subi plusieurs procédures judiciaires durant le mandat de Rodrigo Duterte. En 2023, elle a finalement été innocentée des accusations d’évasion fiscale en rapport avec Rappler.
Rappler se réjouit de la décision de la cour d’appel philippine. L’avocat principal de Rappler, Francis Lim, dans un article publié vendredi sur le site d’information, a déclaré : « Je n’avais aucun doute que ce jour arriverait. Nous remercions la cour d’appel pour cette décision qui a une grande influence sur la possibilité pour notre entreprise de collecter des fonds et, plus encore, sur la liberté de la presse et notre démocratie. »
La société Rappler, suite à huit années de persécution, revendique une victoire définitive, comme indiqué dans leur déclaration. Leur nationalité a été contestée par l’équipe de Rodrigo Duterte, qui les accusait de laisser des individus étrangers prendre le contrôle grâce à la délivrance de « certificats de dépôt » par leur société mère, Rappler Holdings.
En 2015, le site a émis des obligations pour collecter des fonds, dont certains ont été souscrits par la société américaine Omidyar Network, fondée par Pierre Omidyar, le créateur d’eBay. Selon la constitution, les investissements dans les médias sont exclusivement réservés aux Philippins ou aux entités contrôlées par des Philippins. Toutefois, la cour d’appel de Manille a affirmé que Rappler Holdings, et par extension Rappler, sont entièrement détenus et gérés par des Philippins, comme stipulé par la constitution.