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9 août 2024 23 h 09 min

« Guerre Ukraine: Région de Koursk sans électricité »

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Fatoumata Sillah, Aurélien Defer, Cécile Bouanchaud, Romain Del Bello, Jacky Goldberg, Pierre Bouvier, Gabriel Coutagne, Djaïd Yamak, Romain Del Bello, Minh Dréan et Solène L’Hénoret ont tous contribué à la réalisation de ce live. On peut lire tous les articles, analyses et rapports concernant la guerre en Ukraine sur notre plateforme. Le «Monde» fournit des analyses, des reportages et des détails sur la situation actuelle en Ukraine. Les interrogations autour de la guerre d’épuisement en Ukraine continuent de grandir.

Le triomphe olympique des sabreuses ukrainiennes aux JO 2024 a suscité d’immenses émotions au Grand Palais. Les rencontres journalières du président Volodymyr Zelensky avec les militaires, les civils et les élus témoignent de la situation actuelle dans le pays. Volodymyr Zelensky a exprimé que la renonciation à des territoires ukrainiens constitue un défi très complexe. L’armée ukrainienne fait face à un nouveau défi: la lutte contre les drones russes.

Durant les JO, la Maison de l’Ukraine a été établie à Paris pour soutenir les athlètes affectés par le conflit. Nous répondons également à vos questions fréquentes. Comment les Russes et les Ukrainiens utilisent-ils les drones? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine s’intensifie depuis quelques mois. D’après un rapport publié en mai 2023 par un centre de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones chaque mois, soit plus de 300 chaque jour sur le champ de bataille. En comparaison, l’armée française dispose de plus de 3000 drones dans son arsenal.

Les Ukrainiens et les Russes emploient principalement des UAV (véhicules aériens sans pilote) civils, économiques et abondants, pour des raisons militaires. Ces drones sont utilisés pour l’observation du terrain de guerre, pour diriger les soldats ou pour cibler des attaques d’artillerie. Certains sont modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien que moins présents, jouent également un rôle crucial dans le conflicte. Ces UAV, munis d’explosifs, sont envoyés au-dessus de la ligne de front sans destination prédéfinie. Moscou utilise des drones russes Lancet-3 et des Shahed-136 fabriqués en Iran. En dépit de l’absence d’une flotte de guerre notable, l’Ukraine riposte avec des véhicules maritimes télécommandés, comme des petits kayaks remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Les deux parties reconnaissent le rôle vital des drones dans leurs opérations et ont donc élaboré des stratégies pour fournir leurs troupes en continu. Cela passe non seulement par l’acquisition en gros de drones civils sur le marché, mais aussi par le développement de capacités de production nationale. Bien que balbutiante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne a depuis gagné en vigueur. Selon le ministre ukrainien de la transformation numérique, une réplique du drone russe Lancet serait imminemment lancée sous le nom de Peroun, en hommage au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Face aux sanctions occidentales qui entravent son approvisionnement en composants électroniques, la Russie semble être confrontée à des obstacles; néanmoins, selon les agences de renseignement américaines, elle aurait commencé à construire une usine pour la production de drones-kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136, dans la zone économique spéciale d’Alabouga.

L’analyse précise de l’inventaire des missiles russes reste un défi majeur. Les services de renseignement ukrainiens fournissent des informations périodiques à ce sujet, mais leurs chiffres sont souvent questionnés. D’après Andri Ioussov, porte-parole du service de renseignement du ministère de la défense (GUR), cité par Liga.net, l’armée russe possédait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et en a encore plus de 900 au début de cette année. A cela s’ajoutent quelques dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée de 120 kilomètres, et un grand nombre de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois supérieure. Auparavant, en août, Vadym Skibitsky, le deuxième en charge du GUR, avait évoqué le chiffre de 585 missiles d’une portée dépassant 500 kilomètres.

En matière de capacités de production, la Russie serait désormais capable de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois, comme le suggèrent plusieurs experts. En octobre, cette estimation était de 115 unités par le GUR.

Selon plusieurs sources citées par Reuters, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord, et continueraient à en faire l’acquisition. Depuis janvier, lorsque un accord aurait été signé, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie. Le nombre exact de missiles nord-coréens achetés par la Russie reste inconnu, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine entre fin décembre 2023 et début février 2024, comme le confirme le procureur général, Andriy Kostin. Selon des experts qui ont analysé les débris et les trajectoires, il semblerait probablement qu’il s’agisse de missiles KN-23 et KN-24, avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Concernant les avions de combat F-16, en réponse à une demande de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé en août 2023 le transfert de ces avions à l’Ukraine. Plus de 300 F-16 sont potentiellement disponibles dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, mais tous les pays qui les possèdent ne sont pas en mesure de les céder immédiatement. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait mentionné le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis 19 avions, dont les six premiers ne seront pas livrés avant la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, en possèdent 42, mais n’ont pas indiqué combien ils prévoyaient d’en céder.

En outre, une formation est nécessaire pour les pilotes ukrainiens afin de manier ces avions de combat américains. Onze nations alliées de Kiev se sont portées volontaires pour former ces pilotes. Selon l’OTAN, les troupes ukrainiennes ne seront pas à même d’opérer ces avions en combat avant début 2024, tandis que d’autres experts tablent sur l’été de la même année.

Quelle aide militaire les alliés fournissent-ils à Kiev ?

Deux ans après le déclenchement d’un conflit majeur, l’élan du soutien occidental à Kiev est en déclin; les aids lobal de nouveaux engagés ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 comparativement à la même période de l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Ce déclin est susceptible de perdurer, Le Sénat américain ayant du mal à approuver des aides et l’Union européenne ayant rencontré de grandes difficultés pour faire ratifier une aide de 50 milliards le 1er février 2024, du fait de l’opposition hongroise. Ces deux packages d’aide n’ont pas encore été inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui se termine en janvier 2024.

Selon les données de l’institut allemand, le nombre de donateurs diminue et se rassemble autour d’un noyau de pays, incluant les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent à la fois une aide financière importante et des armements de pointe. Depuis février 2022, les pays soutenant Kiev ont engagé au minimum 276 milliards d’euros à l’échelle militaire, financière et humanitaire.

Les nations les plus prospères sont celles qui ont démontré le plus de générosité en valeurs absolues. Les Etats-Unis s’imposent nettement en tête des donneurs avec un engagement dépassant les 75 milliards d’euros, incluant 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les États membres de l’Union européenne ont également affirmé leur soutien par des contributions bilatérales de 64,86 milliards d’euros, ainsi que des apports collectifs à partir des fonds de l’Union européenne, atteignant 93,25 milliards d’euros. Le total de ces contributions s’élève à 158,1 milliards d’euros.

Cependant, en pondérant ces aides par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) de chaque pays donateur, le tableau est différent. Les Etats-Unis perdent leur première place pour se retrouver à la vingtième position, leur contribution représentant seulement 0,32 % de leur PIB, s’inscrivant ainsi loin derrière certains pays proches de l’Ukraine ou des ex républiques soviétiques alliées. À ce classement, l’Estonie se hisse en première position avec un pourcentage de 3,55 % de son PIB, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Tous ces pays baltiques, partageant une frontière avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis l’escalade du conflit.

En fonction du pourcentage du PIB, la France se place au vingt-septième rang, ayant alloué 0,07 % de son PIB, positionnée juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide octroyée par la France a progressivement diminué depuis le commencement de l’occupation de l’Ukraine par la Russie – la France occupait en effet la vingt-quatrième place en avril 2023, et avait atteint la treizième place à l’été 2022. Que savons-nous au sujet des tensions naissantes à la frontière ukraino-polonaise ?

Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne sont à leur comble depuis plusieurs mois, en particulier pour le transit des céréales ukrainiennes. Pour alléger la situation, la Commission européenne a instauré des « voies de solidarité » durant le printemps 2022, permettant la vente et l’évacuation sans droits de douane des céréales vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Pourtant, près de la moitié de ces céréales passent ou finissent leur voyage dans l’Union Européene (UE), d’après la Fondation Farm – un groupe de discussion consacré à la réflexion sur les problématiques agricoles mondiales. On constate cependant que ces céréales sont nettement moins chères que le blé cultivé dans l’UE, surtout dans les pays de l’Europe centrale.

Selon la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, ces céréales perturbent leur marché local et, par conséquent, affectent les revenus de leurs agriculteurs. En réponse, ces pays ont unilatéralement bloqué leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023, un embargo que Bruxelles a validé à condition qu’il n’interfère pas avec le transit vers d’autres pays et qu’il n’ait qu’une durée de quatre mois. En estimant que le problème primaire n’est pas résolu, Varsovie a refusé de rouvrir sa frontière après l’été pour les céréales venant d’Ukraine, contrairement à ce que Bruxelles pensait, étant donné leurs analyses qui prouvaient que « il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales ».

Des agriculteurs en Pologne ont mis en place un blocage à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine afin d’empêcher l’entrée de camions ukrainiens sur leur sol national. Ces protestataires exigent un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles venant d’Ukraine. Ils critiquent fortement l’augmentation de leurs coûts de production étant donné que leurs entrepôts et silos sont remplis à pleine capacité tandis que les prix sont au plus bas. Le président de l’Ukraine a évalué, au commencement de 2024, que ce blocus sur la frontière polonaise démontrait une « diminution de la solidarité » envers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a également soutenu que «seule Moscou est contente» de ces frictions, en condamnant «l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine».