La cérémonie commémorative du bombardement atomique de 1945 à Nagasaki, qui s’est tenue le vendredi 9 août, a pris une dimension politique. Au milieu du conflit avec le Hamas à Gaza, la ville japonaise du sud-ouest a choisi de ne pas inviter Israël, une action contraire à celle de Hiroshima qui ayant honoré ses commémorations le 6 août, a bien invité le pays en question. Cette politisation de l’événement a conduit les pays du G7 (à l’exception du Japon) ainsi que l’Union européenne à décider de ne pas envoyer leurs ambassadeurs.
Shiro Suzuki, le maire, a évoqué le conflit dans son traditionnel discours de paix, prononcé sous une chaleur torride dans le parc de la Paix et ponctué de vers de la poétesse et militante anti-nucléaire Sumako Fukuda (1922-1974), qui a survécu à la bombe. Suzuki a exprimé son regret face à l’indécision quant à la fin de l’invasion russe en Ukraine et l’inquiétude grandissante face à l’escalade des conflits armés au Moyen-Orient. Selon lui, cette situation précaire augmente le risque d’éroder la norme à laquelle nous nous sommes jusqu’à présent conformés, c’est-à-dire « ne jamais utiliser d’armes nucléaires ».
L’importance de l’occasion a éclipsé la controverse qui avait entaché les préparatifs de la cérémonie. M. Suzuki avait mentionné l’absence d’invitation pour Israël dès juin, une décision qu’il a officialisée le 1er août pour garantir une cérémonie paisible et respectueuse. Le maire a réfuté toute motivation politique, soulignant que le 9 août est un jour crucial pour Nagasaki et que l’âge moyen des survivants dépasse maintenant les 85 ans. Il a également noté que l’Autorité palestinienne, qui n’est pas impliquée dans le conflit entre le Hamas et Israël, avait été invitée. Nagasaki et Hiroshima, qui continuent de ressentir les secousses des bombardements atomiques de 1945 qui ont fait des milliers de victimes, maintiennent une forte tradition pacifiste.
Des manifestations de soutien à Gaza ont eu lieu dans ces deux villes et la presse japonaise a critiqué la position d’Israël. Hiroshima a toutefois décidé d’inviter Israël pour qu’il assiste à la déclaration de paix traditionnelle, qui cette année comprenait une critique du conflit à Gaza.
L’ambassadeur israélien, Gilad Cohen, a jugé « déplorable » la décision de Nagasaki. De même, pour Abraham Cooper, directeur adjoint du Centre Simon-Wiesenthal, c’était une « injure » envers les 1 200 personnes tuées lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre de l’année précédente.