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9 août 2024 17 h 09 min

« Accusations contre gouvernement grec: scandale écoutes »

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Au courant du mois d’août, alors qu’Athènes est paisible et que les législateurs ont déjà quitté le Parlement, l’atmosphère politique est électrisée par une décision de justice. Le dernier jour de juillet, la Cour Suprême grecque a acquitté le gouvernement et les services de renseignement dans une affaire d’écoute invasive, fréquemment comparée au scandale du « Watergate grec » par les médias. Seules quatre personnes associées à la société qui a distribué le logiciel espion Predator feront finalement face à des poursuites judiciaires pour « violation du secret des communications téléphoniques ». L’opposition, les victimes et la société civile sont en état d’alerte.

Reporters Sans Frontières a critiqué cette décision de la Cour Suprême qui exonère les services de renseignement, sous la tutelle du Premier ministre, déplorant ce qu’ils considèrent comme de l’impunité. Stefanos Kasselakis, le dirigeant du principal parti d’opposition de gauche, Syriza, a exprimé sa défiance envers la justice grecque qui a, selon lui, été compromis. Nikos Androulakis, le leader du parti socialiste et victime d’une tentative de piratage de son propre téléphone via le logiciel Predator, a même déclaré que « le gouvernement a d’abord corrompu les services secrets et corrompt maintenant le système judiciaire ».

A travers une confession de M. Androulakis en 2022, un scandale a émergé suite à sa révélation d’avoir été la cible du logiciel espion Predator. Une fois installé sur un téléphone, ce logiciel est capable d’enregistrer les messages et les appels, y compris via des applications cryptées, et d’accéder à l’historique de navigation sur Internet et aux mots de passe. Le logiciel, qui coûte 14 millions d’euros, est commercialisé en Grèce par Intellexa. En 2019, peu après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, a pris directement le contrôle des services du renseignement. Depuis lors, le nombre d’actes d’espionnage, par des moyens traditionnels comme l’enregistrement des conversations téléphoniques ou via le logiciel espion Predator, s’est multiplié. Selon les informations de la presse, plus de 15 000 téléphones auraient été surveillés par les services secrets grecs.

Des médias d’investigation tels que Reporters United ou Inside Story ont mis au jour les liens entre le gouvernement et Intellexa. Après la publication d’un rapport d’enquête accablant qui démontré sa proximité avec Felix Bitzios, le directeur adjoint d’Intellexa, Grigoris Dimitriadis, chef de cabinet du premier ministre M. Mitsotakis et également son neveu, a démissionné.

Depuis l’éclatement du scandale, M. Mistsotakis maintient qu’il ignorait complètement l’espionnage du chef socialiste et affirme que le gouvernement grec « n’a jamais fait l’acquisition ou utilisé » le logiciel espion, Predator. Cependant, avec le temps, les découvertes se multiplient et l’Autorité grecque de protection des données personnelles estime que 87 personnes ont été espionnées par le programme Predator, y compris des parlementaires de l’opposition, des ministres conservateurs, des membres de l’équipe du premier ministre, des commandants militaires, des dirigeants d’entreprises et des journalistes. Pire encore, selon Inside Story, le ministère grec des affaires étrangères aurait autorisé l’exportation du logiciel d’espionnage vers le Soudan et Madagascar.
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