Marc Bonomelli, journaliste freelance expert en faits religieux et en spiritualités émergentes, est l’auteur de « Les Nouvelles Routes du Soi : immersion dans le monde des nouvelles spiritualités » (Arkhê, 2022). Il étudie chaque mois dans sa chronique l’abondante spiritualité de notre temps et sa constante réinvention. Que ce soit les « néo-druides », les « surfistes de l’âme » ou autres, ces nouvelles « routes du soi » semblent irriguer tous les secteurs, allant de la santé à la politique, en passant par le numérique, le développement personnel et bien sûr, la religion.
Je garde encore en mémoire le visage de deux de mes amis surfeurs australiens, en 2015, lors d’une balade le long de la Méditerranée, leurs yeux captivés par les vagues engendrées par le vent plus puissant ce jour-là, se dirigeant doucement vers la côte. Dans un silence contemplatif, ils observaient l’océan, semblant surfer spirituellement, fusionnant avec la vague et avec un mystère qu’ils me faisaient ressentir par leur simple présence.
Ce moment m’a fait réaliser que le surf pouvait être l’un de ces espaces où se forge un nouveau rapport à la nature. Un sentiment largement confirmé depuis, notamment par les recherches de Bron Taylor, professeur à l’université de Floride spécialisé en « religion et nature ». Dans ses travaux, il a démontré que de nombreux surfeurs, qu’il appelle « surfistes de l’âme », perçoivent la nature, surtout l’océan, comme « puissante, transformatrice, thérapeutique et sacrée ».
L’idée du sacré dans la nature.
Stéphane Bayle, un surfeur que j’ai eu l’occasion de rencontrer non loin de la célèbre ville de surf Hossegor dans les Landes, m’a décrit le surf comme une expérience spirituelle. En tant que pilote pour Air France et adepte de la méditation zen silencieuse et immobile, il voit le surf comme une forme de « méditation en mouvement ».
Il est cependant intéressant de se demander si le surf peut vraiment être considéré comme un sport. Jay Moriarity, un surfeur californien qui a vécu il y a plus de vingt ans, a souligné le caractère unique et divers du surf dans son Ultimate Guide to Surfing (HarperCollins, 2001). Selon lui, le surf a plusieurs facettes : il est un art lorsque vous exprimez votre créativité sur une vague, un sport dans le contexte de la compétition, et une expérience spirituelle lorsque vous vous retrouvez seul face à la nature.
Il convient de noter que cette spiritualité n’est affiliée à aucun Dieu spécifique ou transcendant, mais est plutôt perçue comme une communion avec la nature. Par conséquent, le surf s’aligne plus avec les diverses nouvelles formes de spiritualité qui émergent. Le reste de cet article est exclusif aux abonnés.