Pavel Kouchnir, un pianiste russe et militant pacifiste de 39 ans, est décédé en captivité le 27 juillet à Birobidjan, situé dans la province éloignée de l’Oblast Autonome Juif, en Extrême-Orient russe, à la suite d’une grève de la faim. Il est le deuxième dissident mort en juillet dans les centres de détention russes pour son opposition à l’invasion de l’Ukraine, après Oleksandr Ishchenko, un prisonnier de guerre ukrainien et ancien chauffeur du régiment Azov. Ishchenko est décédé le 31 juillet à la prison de Rostov-sur-le-Don, au sud de la Russie, bien que les raisons de sa mort restent inconnues.
Les autorités avaient dissimulé la mort de Pavel Kouchnir jusqu’à ce que Olga Romanova, la fondatrice de l’ONG « La Russie en prison » (Rous sidiachtchaïa), qui défend les droits des prisonniers grâce à un vaste réseau de contacts à l’intérieur des prisons et des camps de travail russes, la dévoile. Dans une interview diffusée le 5 août par la chaîne d’opposition russe Nastoïachtche Vremia, Romanova a révélé qu’elle avait été informée du décès de Kouchnir par ses co-détenus. Selon eux, le musicien avait commencé une grève de la faim et de la soif quelques jours avant sa mort, une épreuve que son corps n’a pu supporter.
Irina Levina, 79 ans, confirmée à Mediazona, un site russe, que son fils Pavel Kouchnir est décédé à la suite d’une grève de la faim. L’information lui a été communiquée le 28 juillet par un enquêteur du FSB, les services secrets russes, basé à Birobidjan. Mme Levina a expliqué que malgré les efforts de l’administration pénitentiaire pour sauver son fils, y compris les perfusions, ils n’ont pas réussi.
Cependant, Olga Chrygounova, une amie de Pavel qui habite maintenant en Europe, a déclaré à VotTak, un média d’opposition russe, que la famille de Pavel préfère garder le silence sur l’affaire, peut être à cause des avertissements du FSB.
Pavel, diplômé du célèbre Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, avait une carrière prometteuse en tant que musicien. Après avoir travaillé dans des conservatoires à Koursk et Kourgan, en Russie occidentale, il a déménagé en 2023 à Birobidjan où il a travaillé comme soliste pour la philharmonie. D’après les témoignages de ses proches, recueillis par Radio Svoboda (l’équivalent russe de Radio Free Europe), il espérait jouir d’une plus grande liberté en s’installant dans une région éloignée, proche de la frontière chinoise, pour éviter d’être contraint de se produire dans des concerts qui glorifiait la guerre. Toutefois, l’histoire de Pavel n’est pas encore entièrement révélée.