Un message diffusé le mardi 6 août par la Coordination des associations de la presse (CAP) au Sénégal met en lumière l’alarmante situation des entreprises médiatiques du pays, qui font face à des fermetures et de multiples pertes d’emplois dues à l’influence croissante des nouvelles autorités. Les quotidiens sportifs très populaires, Stades et Sunu Lamb, ont dû suspendre leurs activités après plus de deux décennies en raison de problèmes économiques, comme l’a annoncé leur éditeur le week-end précédent. Plusieurs autres médias sont susceptibles d’emprunter la même voie pour des raisons similaires, selon la CAP.
La CAP a signalé « une profonde crise du secteur » et exprime sa grande inquiétude quant à l’état critique de l’industrie médiatique au Sénégal. Elle accuse les nouvelles autorités d’exercer une pression multiforme sur les entreprises de presse, notamment par le biais d’audits fiscaux, de demandes de paiement de royalties, de l’annulation et de la suspension des paiements des contrats commerciaux par les entités publiques.
Le milieu médiatique sénégalais est en proie à des défis économiques depuis un certain temps,avec des conditions de travail très instables. Bien que les nouvelles autorités aient hérité d’un secteur sur le déclin, dont la réforme a été intentionnellement sabordée par les anciens dirigeants, la CAP note à regret que le nouveau système n’a pas entrepris de consultations ou de dialogues pour stabiliser ce secteur vital pour la démocratie.
Le Premier Ministre Ousmane Sonko avait précédemment exprimé son mécontentement fin juin au sujet des détournements de fonds publics par certains chefs d’entreprises médiatiques. Il avait également averti les médias qui publient des informations non vérifiées sur des individus au nom d’une soi-disant liberté de la presse, des commentaires qui ont été interprétés comme menaçants par la profession.
Depuis 2021, le Sénégal a glissé de la 49e à la 94e position dans la liste mondiale de la liberté de la presse organisée par Reporters sans frontières. Au début du mois de juin, l’organisation non gouvernementale a fait appel au nouveau régime pour prendre des mesures pour la liberté de la presse, après trois ans de violences, arrestations de journalistes et mises en suspens de médias sous la présidence de Macky Sall.