En tentant d’accéder à une vidéo sur YouTube, les utilisateurs d’Internet en Russie ont observé une réduction significative de leur débit par les autorités. D’après Meduza, un média russe indépendant, ce débit aurait été limité à environ 128 kilobits par seconde. Pour une visualisation de vidéo sur YouTube sans retard, on recommande un débit d’à peu près 700 kilobits par seconde, soit environ cinq fois plus que la limite imposée par les autorités russes. Cette réduction conduit à une baisse de qualité vidéo et à des temps de chargement qui dissuadent les utilisateurs.
Meduza révèle que cette décision, référencée par une source anonyme de l’industrie des télécommunications, n’est pas de couper complètement YouTube, mais de ralentir considérablement son fonctionnement. En outre, ONS24, un fournisseur d’accès Internet en Russie, a commencé à avertir ses abonnés que l’accès au service de partage de vidéos d’Alphabet (la société mère de Google) serait ralenti à des vitesses jugées « inacceptables », selon des images partagées sur les réseaux sociaux.
Vers la fin du mois de juillet, la nouvelle selon laquelle YouTube serait considérablement ralenti a été partagée sur Telegram par Alexandre Khinchtein, le chef du comité technologique de la Douma. Le débit du site de streaming vidéo serait réduit de près de 70%, a-t-il indiqué. Khinchtein a imputé cette situation à Google – la société mère de YouTube – et à sa politique jugée négative envers la Russie, qui conduirait à la fermeture de comptes de certaines figures publiques russes (blogueurs, journalistes, artistes) qui ont des opinions divergentes de celles de l’Occident. Parmi les comptes suspendus figure celui de Shaman, une star de la musique en Russie connu pour son titre patriotique « Je suis russe », qui a également été banni de la plateforme musicale Spotify à cause de son soutien inconditionnel au conflit en Ukraine.
Par ailleurs, en mars 2024, Google a été accusé par Roskomnadzor, le régulateur russe des télécoms, de se livrer à des activités « terroristes ». Selon l’agence, des publicités diffusées sur YouTube appelaient à la désactivation des réseaux de communication ferroviaire de la Russie et de la Biélorussie, pays qui est un allié de Moscou dans son offensive dans le nord de l’Ukraine. Roskomnadzor a signifié que ces activités constituent une menace pour la vie et le bien-être des citoyens russes, selon des informations relayées par l’agence de presse Interfax.
En outre, on estime qu’un russe sur deux utilise YouTube au moins une fois par mois, selon les données de Mediascope, un institut de sondage russe cité par Bloomberg, un média américain.