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6 août 2024 14 h 09 min

« Réchauffement: Désir de Vacances Fraîches, Refuges Climatiques »

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Durant les périodes de canicule en France, la péninsule du Cotentin reste plus fraîche comparativement aux autres régions. C’est dans cet espace, également nommé « la petite Irlande », situé entre le nez de Jobourg et le port de Goury, que Matthieu David, un chercheur, conduit une enquête auprès des touristes pour comprendre les motivations derrière leur choix de cette destination. Il s’avère que la recherche de fraîcheur est une raison prédominante pour la moitié des voyageurs interrogés – à savoir une forme d’adaptation, selon ce géographe, des migrations touristiques au réchauffement climatique.

« Certaines personnes font un choix stratégique : leur but est d’échapper à l’intense chaleur du Sud. D’autres font un choix tactique : leur décision de venir est prise au dernier moment, en réaction à la prévision d’une vague de chaleur », déclare ce doctorant de l’université de Caen, qui consacre sa thèse à ce « havre climatique ». Selon Matthieu David, la popularité croissante du Cotentin, qui a vu son nombre de visiteurs augmenter de près de 13% pendant la dernière décennie, pourrait être un indicateur discret de nouvelles tendances touristiques.

« De nouvelles dynamiques se dessinent. »

Des signes indiquent un changement au sein de l’industrie touristique française. Tandis que la majeure partie des infrastructures et emplois liés au tourisme se concentraient traditionnellement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (sans oublier Paris), de nouvelles tendances se distinguent. D’après l’Insee, entre 2019 et 2022, les trois régions affichant les plus importantes augmentations en nombre de nuitées touristiques (tout type de logement confondu) sont la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire. Pendant la même période, l’Occitanie a connu une baisse. En 2023, la fréquentation des hôtels, campings et hébergements touristiques de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a diminué de 1,1%, contrairement à la tendance nationale, qui a vu une augmentation de 2,3%.

Les établissements d’hébergement en plein air, en particulier, bénéficient de ce réajustement Nord-Sud. En Normandie, le nombre de nuitées dans les campings a doublé en vingt ans, malgré une absence d’augmentation du nombre de ces structures. La Bretagne suit la même évolution : comme le souligne Nicolas Dayot, président de la Fédération de l’hôtellerie de plein air, « Le nombre de nuitées est passé de 8 millions à 14 millions entre 2012 et 2023. Nous accueillons de plus en plus de touristes qui visitent la région pour la première fois, alors que la Bretagne avait principalement une clientèle fidèle. Parmi ces nouveaux visiteurs, certains cherchent à échapper aux fortes températures du Sud ».

Cependant, l’interprétation de ces signaux demeure un défi. Le climat n’est qu’un facteur parmi plusieurs qui déterminent les destinations touristiques. Plusieurs critères influencent les décisions des voyageurs, y compris la gamme d’hébergements proposée, leur coût, leur proximité, l’existence d’amis ou de la famille, ou encore les options offertes par les entreprises. « Nous avons constaté une forte tendance à la stabilité dans ces choix, souvent forcés », observe Jean Pinard, un expert conseil dans le domaine du tourisme.
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