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6 août 2024 16 h 09 min

« Guerre Ukraine: Frappe russe blesse huit »

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Comment utilisent-ils des drones à Moscou et Kiev ?
La bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine s’intensifie depuis des mois. Selon une étude publiée en mai 2023 par un centre de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones mensuellement sur le théâtre des opérations, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française ne compte que 3 000 drones dans ses dépôts.
Les Ukrainiens et les Russes font principalement appel à des petits UAV (véhicules aériens sans pilote) d’origine civile, économiques et disponibles en quantité. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et guider les troupes ou le tir d’artillerie; certains sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins nombreux, les drones-kamikazes occupent un rôle crucial dans le combat. Ces UAV, équipés de charges explosives, sont lancés au dessus des lignes de front sans cibles prédéterminées. La Russie emploie le drone russe Lancet-3, ainsi que le Shahed-136, fabriqué en Iran. L’Ukraine, dénuée d’une flotte navale respectable, fait usage d’engins maritimes non pilotés, comme des petits kayaks téléguidés transportant des explosifs (450 kg de TNT), pour narguer leurs adversaires.

Compte tenu de l’importance des drones dans leurs opérations, Ukrainiens et Russes ont adopté une stratégie d’approvisionnement continu de leurs forces, non seulement en achetant en gros des drones civils sur le marché, mais aussi en développant leur propre capacité de production. Initialement balbutiante au déclenchement de la guerre du Donbass, il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a depuis lors renforcé sa puissance. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé le développement d’une réplique du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, en l’honneur du dieu slave du tonnerre et de la foudre.

La Russie, entravée par des sanctions occidentales limitant son accès à des composants électroniques, éprouve plus de difficultés. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, destinée à la fabrication de drones kamikazes de conception iranienne, comme le Shahed-136.

En ce qui concerne les stocks de missiles russes, il est quasi impossible d’en déterminer l’état actuel. Les services de renseignement ukrainiens partagent régulièrement des informations à ce sujet, mais leur fiabilité reste douteuse.

D’après Andri Ioussov, un représentant du service de renseignement du ministère de la défense (GUR), et selon les informations données par Liga.net, l’armée russe avait environ 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le conflit, et il en restait plus de 900 au début de l’année. À ces chiffres s’ajoutent environ dix mille missiles antiaériens S-300 ayant une portée d’environ 120 kilomètres, et un grand nombre de missiles S-400, une version plus récente ayant une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, le vice-directeur du GUR, avait mentionné le nombre de 585 missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

En termes de capacité de production, il semblerait qu’elle ait augmenté pour atteindre près de cent missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR avait estimé cette production à 115 unités.

Il semblerait également que la Russie ait obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et qu’elle continue d’en faire l’acquisition. Reuters, se basant sur plusieurs sources iraniennes, a affirmé que 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été conclu. Il n’est pas clair combien de missiles la Russie a acquis de la Corée du Nord, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon des experts ayant analysé les restes et les trajectoires, il s’agirait probablement des missiles KN-23 et KN-24 ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Et pour ce qui est des avions de combat F-16 ?

En répondant à une requête à long terme du président ukrainien, en août 2023, les États-Unis ont approuvé le transfert des avions de chasse F-16 à l’Ukraine. Tandis qu’une flotte potentielle de plus de 300 F-16 existe dans neuf pays européens, notamment la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas, et le Portugal, tous les pays qui en ont ne peuvent pas les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a mentionné le nombre de 42 F-16 que les alliés occidentaux ont promis à Kiev, cependant, cette information reste non confirmée. Le Danemark a promis d’en fournir 19. Les premiers 6 ne devraient pas être livrés avant la fin de 2023, suivis par 8 autres en 2024 et 5 en 2025, selon la Première Ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, en ont 42, mais n’ont pas précisé combien ils prévoient de transférer.

D’un autre côté, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour piloter ces avions de combat américains. Onze pays qui sont alliés de Kiev ont décidé de prendre en charge la formation des pilotes. L’OTAN a estimé que les soldats ukrainiens ne seraient capables d’utiliser ces avions en situation de combat que début 2024, alors que d’autres experts pensent plutôt à l’été de cette même année.

Quel est le soutien militaire fourni par ses alliés à Kiev?

Deux ans après l’éclatement du conflit à grande envergure, l’Occident semble relâcher son soutien à Kiev. Selon le plus récent rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les nouvelles aides accordées entre août 2023 et janvier 2024 sont en régression par rapport à la même période de l’année précédente. Le Sénat américain éprouve des difficultés à approuver des aides tandis que l’Union européenne (UE) a rencontré des obstacles pour l’adoption d’un soutien de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Ces deux forfaits d’aide n’ont pas été comptabilisés dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’est arrêté en janvier 2024.

Les chiffres de l’Institut allemand révèlent une diminution du nombre de donateurs qui tend à se centraliser autour d’un groupe principal de pays comprenant les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays offrent à la fois une importante aide financière et de l’armement de pointe. Depuis février 2022, le soutien à Kiev s’est monté à au moins 276 milliards d’euros sur les plans militaire, financier et humanitaire des pays engagés.

En termes absolus, les pays les plus fortunés ont été les plus généreux. Les États-Unis sont en tête des donateurs avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncée, dont 46,3 milliards sous forme d’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides mutuelles provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand on considère ces donations par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement évolue. Les États-Unis tombent au rang vingtième (0,32% de leur PIB) laissant place à des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. Au sommet de la liste, en termes de donations par rapport au PIB, nous avons l’Estonie avec 3,55%, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, sont les plus généreux donateurs depuis le début du conflit.
Dans le classement par pourcentage de PIB, la France se trouve à la vingt-septième place, ayant consacré 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). Malheureusement, l’aide fournie par la France a connu une diminution constante depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine – la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et la treizième en été 2022.
Quelle est la situation à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Depuis un certain temps, l’Ukraine et la Pologne sont confrontées à des tensions au sujet du passage des grains ukrainiens. En 2022, la Commission européenne avait lancé des « canaux de solidarité » afin de stimuler l’exportation et la commercialisation de produits agricoles provenant de l’Ukraine, exempts de taxes douanières, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, environ la moitié des grains ukrainiens passent par l’Union européenne (UE) ou y terminent leur trajet, selon Farm Foundation, un think tank qui se consacre à des questions agricoles à l’échelle mondiale. Ces grains se vendent à un prix nettement inférieur à celui du blé produit en UE, particulièrement dans les pays d’Europe centrale.

Citant que cette situation perturbe leur marché local et par conséquent les revenus de leurs agriculteurs, des pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont suspendu unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait accepté cet embargo à la condition qu’il n’entrave pas le passage vers d’autres nations et qu’il ne dure que quatre mois. Malgré cela, la Pologne a décidé de maintenir sa frontière fermée aux grains ukrainiens à la fin de l’été, jugeant que le problème de base n’avait pas été résolu, en dépit du fait que Bruxelles estimait que l’embargo n’était plus nécessaire car ses enquêtes révélaient « qu’il n’y avait plus de déformation des marchés nationaux pour les grains ».

Les fermiers de Pologne ont instauré un blocus à la frontière ukraino-polonaise pour empêcher l’entrée des camions ukrainiens sur leur territoire national. Ils ont exigé un « embargo complet » sur les produits alimentaires et agricoles venant d’Ukraine. Cela fait suite à une forte augmentation de leurs frais de production, tandis que leurs entrepôts et silos sont pleins à craquer et que les prix sont au plus bas. Au début de 2024, le Président de l’Ukraine a interprété ce blocus comme un signe de « l’érosion de la solidarité » vers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a souligné que seul Moscou se réjouit de ces tensions et a condamné l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine.