La surprise a envahi le Bangladesh suite au départ inattendu de la première ministre, Sheikh Hasina, le lundi 5 août. Son départ sème autant d’incertitude que d’anticipation. Hasina a détenu le titre de première ministre pendant une durée sans précédent dans l’histoire du pays. Cependant, après une période de quinze ans, son règne est devenu de plus en plus autoritaire, ce qui lui a valu le surnom de « dame de fer ». Confrontée aux protestations publiques, elle a dû fuir, trouvant refuge à 14h25 à bord d’un hélicoptère militaire. Elle n’a même pas eu l’occasion d’enregistrer un adieu final à la nation, comme elle l’avait espéré. Elle a atterri dans une base militaire près de New Delhi. Bien que l’Inde ait été un de ses alliés majeurs, les médias indiens suggèrent qu’elle ne fait que passer là-bas avant probablement de se diriger vers le Royaume-Uni.
Depuis le début du mois de Juillet, le Bangladesh était parcouru par un mouvement étudiant qui demandait l’élimination d’un système de quotas d’embauche au sein du secteur public. Les jeunes se sont mobilisés dans les rues pour réclamer l’équité en matière d’opportunités. Malheureusement, ils ont été soumis à une répression féroce. Plus de 300 personnes ont perdu la vie en trois semaines, y compris des enfants. Beaucoup de ces victimes ont été abattues à bout portant. Devant tant de violence et de mépris criminel de leur leader, la colère a redoublé et tout s’est emballé ce fameux lundi.
L’armée a déclaré lundi après-midi qu’elle compte « établir un gouvernement provisoire », suite à l’annonce de la démission de Mme Hasina, selon une déclaration du général Waker-uz-Zaman, chef de l’état-major, qui a été diffusée à la nation via la télévision d’Etat. Cela marque le début d’un nouveau chapitre incertain. Les détails concernant cette future administration ne sont pas encore clairs, mais devraient être précisés dans les heures à venir. Malgré son histoire de coups d’État dans le pays, le rôle que jouera l’armée reste à déterminer, tout comme l’implication des partis de l’opposition et l’influence des leaders étudiants qui ont réussi à renverser le gouvernement.
Le président de la République, Mohammed Shahabuddin (du même parti que Mme Hasina), le général Waker-Uz-Zaman, les dirigeants des forces navales et aériennes, ainsi que les leaders de plusieurs partis d’opposition, dont le Jamaat-e-Islami, prohibé quelques jours plus tôt, se sont rassemblés lundi, sans la présence des étudiants.
Cette réunion a conduit à un ensemble de résolutions, dont la libération de tous les individus détenus lors des protestations étudiantes, ainsi que celui de l’ancienne Première ministre Khaleda Zia. Âgée de 78 ans et grande adversaire de Mme Hasina, Zia, la dirigeante du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), se trouve à l’hôpital depuis sa condamnation à 17 ans de prison pour corruption en 2018. Le président a assuré que le parlement serait dissous et qu’un gouvernement national serait instauré dès que possible, ce qui entraînera des élections nouvelles. En outre, l’armée a annoncé la fin du couvre-feu et la reprise des activités des « bureaux, usines, écoles, universités » et des commerces à partir du mardi 6 août à 6 heures du matin.
Il reste encore 65,59% de cet article à parcourir. Seuls les abonnés ont accès à la suite.
Laisser un commentaire