Une semaine après les élections présidentielles au Venezuela le 28 juillet, l’incertitude sur les résultats et la tension dans la nation persiste. Le Conseil national électoral (CNE) n’a pas encore diffusé les détails des votes attribuant 51,95 % des suffrages au président Nicolas Maduro et 43,18 % à son rival principal, Edmundo Gonzalez Urrutia.
Sur le total de 30 000 procès verbaux, 25 000 ont été publiés par l’opposition sur l’internet, donnant la victoire à M. Gonzalez Urrutia avec 67 % du vote. Suite à cela, les États-Unis et plusieurs nations latino-américaines ont exprimé leur conviction d’une éventuelle fraude et ont reconnu la victoire du candidat de l’opposition. Le Conseil de l’Union européenne a déclaré le dimanche 4 août que faute de preuve pour les soutenir, les résultats annoncés le 2 août par le CNE ne peuvent être reconnus. Il a également admis que selon ces documents partagés en ligne par l’opposition, « Edmundo Gonzalez Urrutia semble être le gagnant de l’élection présidentielle ».
Inquiet du manque de transparence entourant l’élection et des implications de cette crise, le Brésil dirigé par Luiz Inacio Lula da Silva, la Colombie sous Gustavo Petro et le Mexique régis par Andres Manuel Lopez Obrador cherchent à exercer une pression sur leur allié vénézuélien. Colette Capriles, professeur de sciences politiques à l’Université Simon-Bolivar à Caracas et membre de Foro Civico, a déclaré dans une interview avec Le Monde que le dialogue est nécessaire entre toutes les forces politiques.
L’altercation entre le chavisme au pouvoir et l’opposition qui est une fois de plus dans les rues, dure depuis 25 ans. En quoi est-ce que cette crise récente modifie la situation?
Le régime chaviste, qui avait précédemment réussi à osciller entre la légalité et la démocratie, a franchi une frontière indéniable. Il en est conscient. Sa popularité électorale était toujours la base de sa légitimité : l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013) disposait des moyens nécessaires pour transformer chaque vote en un plébiscite. Confronté à un affaiblissement graduel du soutien populaire au chavisme, Nicolas Maduro a utilisé le système institutionnel pour contrôler la population et remporter les élections – parfois de justesse – en tirant parti des hésitations stratégiques de l’opposition.
Maduro était persuadé de remporter l’élection présidentielle du 28 juillet. Cependant, le système de patronage mis en place n’a pas suffit et, pour une fois, les électeurs des classes populaires ont exprimé fortement leur désir de changement, ce qui est compréhensible étant donné les défis de la vie quotidienne au Venezuela. Ils ont voté contre le régime actuel, mais pas forcément pour les propositions de l’opposition.
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