Le gouvernement malien, dirigé par un conseil militaire depuis 2020, a rompu instantanément ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, a annoncé le porte-parole gouvernemental, le colonel Abdoulaye Maïga, le 4 août. Cette décision est due à des aveux provenant d’un officiel ukrainien concernant la participation de l’Ukraine dans une défaite sévère pour l’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner en juillet dernier, lors des affrontements avec les séparatistes et les terroristes.
Le Mali a été profondément choqué par les déclarations subversives d’Andriy Yusov, porte-parole de l’agence de renseignement militaire ukrainienne. Il confessait l’engagement de l’Ukraine dans une attaque déloyale et sauvage menée par des groupes terroristes armés ayant causé la mort de membres des forces défense et sécuritaires maliennes dans la région de Tin Zaouatine, ainsi que des pertes matérielles, indique M. Maïga.
La pire défaite de Wagner en Afrique a été confirmée par les séparatistes et les djihadistes qui ont prétendu avoir tué des dizaines de membres du groupe paramilitaire russe et des soldats maliens lors des combats à Tin Zaouatine, situé à la frontière algérienne dans le nord-est du pays. L’armée malienne et le groupe Wagner ont admis avoir subi de lourdes pertes sans donner de chiffres précis. Cette défaite est la plus significative jamais enregistrée par le groupe Wagner en Afrique, selon les analystes.
M. Yusov a indiqué lundi à la télévision ukrainienne que le monde avait observé que les rebelles avaient reçu les informations nécessaires pour lancer une opération contre les criminels de guerre russes. Cependant, il n’a pas donné de détails supplémentaires, et mentionne qu’il y aura plus de renseignements à venir. Cette déclaration a été partagée par l’ambassadeur ukrainien au Sénégal.
Par ailleurs, le gouvernement du Mali considère ces actes comme une transgression de la souveraineté malienne, une ingérence étrangère excessive et un soutien au terrorisme international. Il en résultera un appel aux autorités judiciaires compétentes et des actions pour empêcher toute déstabilisation du Mali par d’autres nations africaines, en particulier via des ambassades ukrainiennes situées dans la sous-région, avec des terroristes se faisant passer pour des diplomates, comme l’a souligné M. Maïga.
Moscou a d’ailleurs réitéré son soutien à Bamako.
Le samedi précédant, le Sénégal avait convoqué l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar à cause de la diffusion d’une vidéo en soutien aux attaques meurtrières récentes contre l’armée malienne et ses alliés russes. Le ministère des affaires étrangères sénégalais a affirmé dans une déclaration officielle que le pays, restant fidèle à sa position de neutralité constructive dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, ne tolérera aucune tentative de propager la propagande liée à ce conflit sur son sol.
Depuis 2022, la junte au Mali, sous la direction du colonel Assimi Goïta, a pris une série de décisions radicales. Celle-ci a abandonné son alliance historique avec la France et ses alliés européens, privilégiant une orientation militaire et politique vers la Russie. Cette semaine, lors d’un échange téléphonique avec son équivalent malien, Abdoulaye Diop, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réitéré son soutien à Bamako.
Par ailleurs, depuis 2023, l’armée malienne a réussi à reprendre le contrôle de plusieurs localités du Nord précédemment aux mains de groupes séparatistes armés. Cette offensive a abouti à la capture de Kidal, place forte du mouvement indépendantiste et question de souveraineté cruciale pour le gouvernement central.
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