Catégories: Actualité
|
5 août 2024 19 h 12 min

« JO 2024: Kaylia Nemour, revanche algérienne »

Partager

La « Kayliamania » a balayé l’Algérie après la victoire à la médaille d’or de la gymnaste de 17 ans, Kaylia Nemour, lors de la finale des barres asymétriques aux Jeux Olympiques de Paris le 4 août. Les médias, dont Tout sur l’Algérie (TSA) et Algérie 24H, ont rapidement célébré ce qui était une première non seulement pour l’Algérie, mais aussi pour l’Afrique en gymnastique.

Abdelmadjid Tebboune, le président de l’État, a rapidement félicité Nemour au téléphone, même en présidant une cérémonie pour la journée nationale de l’armée algérienne, affirmant, « Au nom de l’armée, au nom de la présidence de la République et au nom du peuple algérien, nous félicitons notre athlète Nemour pour sa médaille d’or. » En effet, la spectaculaire performance de la gymnaste a rapidement conquis le cœur des internautes algériens.

Abderrahmane Hammad, le ministre de la Jeunesse et des Sports, a également salué l’exploit olympique de Nemour, le tout premier de l’histoire pour l’Afrique en gymnastique. Il a écrit sur le réseau social X: « Vous avez été incroyable et exceptionnelle. Avec maîtrise, talent et efforts acharnés, vous avez fait flotter haut le drapeau algérien dans le ciel parisien ! Nous sommes si fiers de vous. »

L’Algérie compte actuellement deux médailles, toutes deux gagnées par des femmes. À côté de Kaylia Nemour, Imane Khelif, malgré une polémique concernant son taux élevé de testostérone, a également assuré une autre récompense pour son pays après s’être qualifiée pour les demi-finales des moins de 66 kg qui se déroulent ce lundi soir.

Il est courant de voir une fierté nationale effrénée lors des grandes compétitions sportives. Cependant, l’histoire de Kaylia Nemour a accentué un sentiment de revanche en Algérie. Née et formée en France dans le club d’Avoine-Beaumont (Indre-et-Loire), la gymnaste, qui est dotée de la double nationalité, a tout d’abord représenté son pays de naissance en compétition. Cependant, à la suite de désaccords avec la Fédération française de gymnastique liés à des problèmes de santé, elle a choisi de porter les couleurs de l’Algérie.

L’interdiction de participer aux compétitions imposée par la fédération française pour des raisons jugées insuffisantes a amené l’Algérie à offrir à la jeune athlète une chance de sauver sa carrière et de réaliser son rêve olympique. Selon le TSA, qui critique les médias français ayant tendance à ignorer le pays que la gymnaste représente, c’est là tout l’intérêt d’appartenir à une nation : on la soutient tout en profitant de son soutien. Bien que Kaylia Nemour, née et formée en France, soit arrivée « comme un cadeau tombé du ciel », il souligne que si elle n’avait pas eu la double nationalité et que l’Algérie ne lui avait pas ouvert ses portes, elle ne serait pas championne olympique, du moins pas maintenant.

Cette snobade à l’égard de la France se déroule au milieu d’une crise diplomatique entre Paris et Alger à la suite d’une lettre de Emmanuel Macron au roi du Maroc, Mohammed VI, concernant le Sahara occidental. Macron soutient que le plan d’autonomie marocain pour cette région « sous souveraineté marocaine » est la « seule base » pour résoudre ce conflit, provoquant immédiatement l’ire d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris le 30 juillet.

Le refroidissement récent des relations entre la France et l’Algérie n’est pas directement mentionné suite au triomphe de Kaylia Nemour, mais le média 24H Algérie souligne que les Jeux Olympiques véhiculent des messages bien au-delà du domaine sportif. Selon le média, le geste des athlètes algériens de jeter des fleurs dans la Seine pour honorer les victimes du massacre d’octobre 1961 organisé par le préfet Papon, l’hymne national algérien chanté à Paris après la victoire de Kaylia Nemour, ainsi que la résistance d’Imane Khelif face aux vagues de haine sur les réseaux sociaux, rendent hommage à ceux qui ont milité pour l’indépendance et aux femmes algériennes. Pour le journal en ligne, ces éléments font des jeux une source de fierté et de contentement.