Il est étonnant de voir que le choix d’une visite officielle en Chine a été fait pour émettre des critiques contre des journalistes d’opposition. Mercredi 31 juillet, un débat s’est intensifié en Italie suite aux commentaires prononcés la veille à Pékin par la présidente du conseil, Giorgia Meloni, concernant les journaux La Repubblica, Il Fatto quotidiano et Domani. Au cours d’une conférence de presse, le chef du gouvernement conservateur a effectivement reproché à leurs journalistes d’avoir malhonnêtement manipulé le contenu d’un rapport de la Commission européenne, qui portait sur la liberté de la presse et le pluralisme médiatique en Italie.
Ces publications ont été comparées par la présidente du conseil à une gauche « en quête de soutien externe ». Encore une fois, Mme Meloni a utilisé une rhétorique courante dans son camp pour décrire ses adversaires comme des groupes ayant des allégeances douteuses, cherchant à ternir l’image de l’Italie à l’étranger. Parallèlement, des journaux de droite se sont attaqués personnellement à des journalistes jugés hostiles au gouvernement, en raison de leur interaction avec des observateurs externes sur la situation médiatique dans la péninsule.
Le chapitre italien du rapport sur l’Etat de droit dans l’Union européenne produit par la Commission, qui a été divulgué le 24 juillet, a soulevé des préoccupations pour Mme Meloni. Le rapport fait mention d’inquiétudes concernant l’indépendance des médias publics, la réduction des redevances et la régulation de la divulgation de certaines données judiciaires qui pourrait encourager l’auto-censure parmi les journalistes. Mme Meloni a exprimé son mécontentement à travers une lettre adressée à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans laquelle elle dénonce des fausses informations et critique les rapporteurs pour avoir cité des professionnels connus pour leur désinformation.
La situation médiatique en Italie est de plus en plus tendue, comme décrit dans un autre rapport publié le 29 juillet par la mission Media Freedom Rapid Response, un projet soutenu financièrement par la Commission européenne et composé de multiples organisations internationales de journalistes. Ce rapport, intitulé « Réduire au silence le quatrième pouvoir : le déclin démocratique de l’Italie », fait état de la crise actuelle touchant la RAI, l’audiovisuel public italien.
Depuis sa fondation en 1954, la RAI a toujours subi des influences politiques, et cela s’est intensifié avec une réforme initiée par le centre gauche en 2015. Actuellement, l’extrême droite au pouvoir cherche à prendre le contrôle de la RAI, avec des alliés de Mme Meloni nommés à des postes clés, dans le but de faire dériver la ligne éditoriale vers un courant plus conservateur.