L’expression « E fora a Francia » (La France est éliminée) et « Statu francese assassinu » (L’Etat français est un assassin), bien que le sigle ait changé, sont toujours les slogans du nouveau parti indépendantiste corse, Nazione. Ce parti, créé le 28 janvier, a assisté à ses premières rencontres internationales à Corte en Haute-Corse, lors de la 42e édition qui a eu lieu le weekend du 3 et 4 août, dans cette ville qui est un foyer universitaire et une forteresse du nationalisme insulaire. Nazione n’est pas simplement l’héritier de Corsica Libera, il représente plutôt une coalition plus large visant à remodeler et à étendre le mouvement indépendantiste.
La création de Nazione est une réponse à un appel lancé en 2023 par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), qui a refait surface en organisant une « nuit bleue » dans la nuit du 8 au 9 octobre 2023. Cet événement a été l’occasion d’un grand nombre d’attentats à l’explosif ou tentatives, principalement dirigés contre des résidences secondaires inoccupées ou en construction. C’était l’événement le plus significatif de ce type depuis plus de dix ans.
La naissance de Nazione était motivée par l’envie d’exploiter politiquement l’agitation sociale violente qui a suivi la mort d’Yvan Colonna en prison, le meurtrier du préfet Erignac, tué par un extrémiste islamique à la prison d’Arles en mars 2022. La situation a d’autant plus aggravé puisque, pour étouffer les manifestations durant la campagne présidentielle, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a consenti à entamer des pourparlers sur l’autonomie de la Corse, une ambition ouvertement soutenue par l’autonomiste Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse. Son parti, Femu a Corsica, qui détient la majorité à l’Assemblée territoriale, a réussi à gagner l’appui de Core in Fronte, le parti indépendantiste de Paul-Félix Benedetti.
Contre ce front commun, Nazione incarne une opposition à l’autonomie « réduite » proposée par Paris et formalisée dans l’accord de Beauvau du 12 mars. Ce nouveau parti indépendantiste se compose d’anciens membres de Corsica libera, incluant l’avocat Jean-Guy Talamoni, mais également Patriotti, l’association des prisonniers politiques de Ghjuvan Filippu Antolini, de plusieurs syndicalistes et groupes de jeunes nationalistes. Nazione, n’ayant ni secrétaire général ni dirigeants, est représenté par trois porte-paroles et n’hésite pas à exprimer son appui pour le FLNC, le dernier mouvement séparatiste en Europe toujours engagé dans la lutte armée.
Son objectif est de prendre le dessus dans son « conflit de pouvoir » avec l’Etat français. Il reste encore 65.06% de cet article à lire, réservé exclusivement aux abonnés.
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