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5 août 2024 4 h 08 min

Échange de prisonniers Occident-Russie: succès amer

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Pour une journée entière, l’aéroport d’Ankara s’est transformé en rappel du Glienicker Brücke, le célèbre « pont des espions », situé entre Berlin et Potsdam, qui était autrefois le théâtre de transferts de prisonniers entre l’Est et l’Ouest pendant la Guerre Froide.

Le jeudi 1er août, vingt-six individus, précédemment incarcérés dans sept nations – les États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie – ont transité via l’aéroport turc dans ce qui constitue l’échange de détenus le plus massif depuis l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991.

Sur les vingt-six libérés, seize étaient emprisonnés en Russie et en Biélorussie, dont Evan Gershkovich, l’Américain, correspondant du Wall Street Journal à Moscou. Mis sous arrêt à Iekaterinbourg en mars 2023, Gershkovich a été le premier journaliste occidental à être jugé pour espionnage en Russie depuis la fin de la Guerre Froide. Suite à un jugement rapide le 19 juillet, qui a abouti à une condamnation de seize ans de prison, il est apparu que la voie était ouverte à une résolution. Une fois le verdict prononcé, Gershkovich était alors en position d’être échangé par le Kremlin contre des détenus russes en captivité en Occident. À l’approche du verdict, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait confirmé que les discussions à ce sujet étaient « en cours au niveau des services spéciaux » entre Moscou et Washington.

Parmi ceux que la Russie a relâché se trouvent l’ex-marine américain Paul Whelan, qui était en détention depuis décembre 2018, et la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, emprisonnée depuis octobre 2023. Tous deux ont été inculpés d’espionnage. Il y avait également des détracteurs de Vladimir Poutine, tels que Vladimir Kara-Mourza, vice-président du groupe pour la démocratie « Russie ouverte », Oleg Orlov, co-président de l’ONG Memorial, le conseiller de Moscou Ilia Iachine, d’anciennes leaders du mouvement d’Alexei Navalny, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeeva, et l’artiste Alexandra Skotchilenko, qui avait été condamnée à sept ans de prison en 2023 pour avoir placardé des autocollants critiquant l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans un hypermarché.

En échange, Vladimir Poutine a obtenu ce qu’il désirait, à commencer par la libération de Vadim Krassikov, un espion russe qui avait été condamné à la prison à vie en Allemagne en 2021 pour l’assassinat d’un ancien séparatiste tchétchène dans un parc berlinois deux ans plus tôt. La situation de M. Krassikov a été discutée à plusieurs reprises par le président russe, qui a exprimé sa volonté d’échanger ce « patriote » contre des prisonniers américains.
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