Catégories: Actualité
|
5 août 2024 10 h 06 min

« Coqueluche: Épidémie inhabituelle à Colombes »

Partager

Dans les bras de sa mère, Neïla, âgée de seulement six mois, s’alimente à son biberon. Un moment de douce tendresse perturbé par trois fils qui sont connectés à son body. Ils transmettent des donnees depuis les électrodes attachées à la poitrine du bébé à un moniteur de surveillance qui observe constamment son pouls et sa respiration. Un capteur collé à son talon analyse le niveau d’oxygène dans son sang.

Ce jeudi 1er août, mère et fille attendent patiemment dans une chambre de la clinique pédiatrique de l’hôpital Louis-Mourier à Colombes (Hauts-de-Seine), qui fait partie de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Ma fille souffrait de fortes crises de toux depuis trois semaines, bien qu’elle n’ait pas de fièvre. Elle avait arrêté de manger, de dormir, et déclinait jour après jour », explique Zineb, qui a choisi de ne pas dévoiler son nom de famille.

Au début, ni le docteur de famille, ni le SAMU, ni les services d’urgence de Louis-Mourier n’étaient inquiets, recommandant simplement des lavages de nez. Cependant, le 28 juillet, la mère, de plus en plus anxieuse, ramène sa fille aux urgences. « C’est là que Neïla a eu une si violente crise de toux qu’elle a été immédiatement prise en charge. »

Les violentes crises de toux sèche se sont poursuivies.

Un diagnostic rapide via PCR multiplex est effectué pour détecter diverses infections respiratoires comme la grippe et la bronchiolite. « Le diagnostic de la coqueluche est parvenu en moins de deux heures », déclare Romain Basmaci, responsable du service de pédiatrie de Louis-Mourier. La rapidité n’est cependant pas toujours garantie ailleurs, étant donné que la Bordetella pertussis, la bactérie responsable de la maladie, a causé une si vaste épidémie en France depuis le début de l’année qu’il arrive que les processus de test soient surchargés dans certains laboratoires municipaux, avec des résultats pouvant être différés de dix à quinze jours.

Suite au diagnostic, Neïla est immédiatement hospitalisée en pédiatrie et est étroitement surveillée en permanence. Le danger potentiel ? Les complications qui peuvent survenir à cause des quintes de toux caractéristiques de cette infection : des crises de toux sèche prolongées jusqu’à ce que le patient puisse enfin respirer, produisant un bruit rappelant le cri du coq, d’où le nom de la maladie. « Ces quintes de toux sont épuisantes et peuvent causer une apnée sévère et une détresse respiratoire chez les très jeunes enfants, un risque qui ne prévient pas», prévient Romain Basmaci.

Dans les bras de sa mère, Neïla commence soudainement à avoir une attaque sévère le jeudi. Son visage vire au rouge vif et l’alarme des infirmières se déclenche. Sur le moniteur médical, on observe une baisse inquiétante des constantes vitales. La saturation en oxygène de son sang, habituellement plus de 95%, tombe à 84%. Son rythme cardiaque, qui ne devrait pas dépasser 160 battements par minute pour un enfant au repos, atteint 200. Une infirmière se précipite, mais les vitals de la petite stabilisent lentement d’eux-mêmes. « Neïla a repris du poids aujourd’hui, j’espère que c’est le début de la fin de ce cauchemar », confie sa mère.

Vous avez encore 67.85% de l’article à lire. Le reste est exclusivement réservé aux abonnés.