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4 août 2024 7 h 07 min

« Zelensky salue raids ukrainiens en Russie »

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Découvrez tous nos articles, informations détaillées et couvertures médiatiques concernant le conflit en Ukraine. Dans nos articles, vous trouverez les commentaires, les évaluations et les explications détaillées du « Monde ». Lors des Jeux Olympiques de 2024, le succès des escrimeuses ukrainiennes a fortement impressionné le Grand Palais. Les rendez-vous quotidiens de Volodymyr Zelensky oscillent entre interactions avec les soldats, les civils et les fonctionnaires du gouvernement. Les notes d’Olga et Sasha décrivaient: « Durant deux jours, Kyïv a pleuré. Et moi, je me suis senti désemparée : comment donner la vie dans ces circonstances? » Une interview avec Volodymyr Zelensky a révélé que renoncer à certaines régions de l’Ukraine est « une question extrêmement ardue ». La chasse aux drones russes constitue un nouveau défi pour l’armée ukrainienne.

À Paris, l’Ukraine a ouvert une maison culturelle pour défendre, pendant les Jeux Olympiques, les athlètes touchés par la guerre. Consultez nos réponses à vos interrogations les plus courantes. Comment Moscou et Kiev déploient-ils leurs drones ?

Durant plusieurs mois, la bataille des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint des proportions sans précédent. D’après un rapport rédigé en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense, les Ukrainiens perdent approximativement 10 000 drones chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour vous donner une idée, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement de petits véhicules aériens sans pilote (UAV en anglais) d’origine civile, qui sont économiques et largement disponibles. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien que moins nombreux, les drones-kamikazes jouent aussi un rôle fondamental dans le conflit. Armés d’armement explosif, ces UAV sont déployés au-dessus des lignes de bataille sans mission préassignée. Les drones Lancet-3 russes et Shahed-136 iraniens sont fréquemment employés par Moscou. Sans une véritable marine de guerre, l’Ukraine contrecarre l’adversaire avec des vaisseaux maritimes sans pilote, tels que de petits kayaks chargés d’explosifs et manipulés à distance (portant une charge de 450 kilos de TNT).

La preuve de l’importance des drones dans leurs stratégies est que les forces ukrainiennes et russes ont mis en place des moyens pour maintenir leurs troupes en continu, les approvisionnant à la fois en drones civils achetés en grandes quantités sur le marché et en développant des capacités de production domestiques. Au début de la guerre du Donbass, déclenchée il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne était encore embryonnaire, mais elle s’est depuis intensifiée. À la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré qu’une réplique du drone russe Lancet avait été créée et qu’elle serait bientôt lancée sous le nom de Peroun, en référence au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie a du mal à faire face aux sanctions occidentales qui restreignent son approvisionnement en composants électroniques. Cependant, les services de renseignement américains rapportent que Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, pour y construire des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

En ce qui concerne les stocks de missiles de la Russie, il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître leur état actuel. Les services de renseignement ukrainiens font régulièrement des déclarations à ce sujet, mais leurs évaluations sont douteuses.

Andri Ioussov, un porte-parole du directoire du renseignement du Ministère de la Défense (GUR), a été cité par Liga.net comme l’affirmant que l’armée russe possédait initialement 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le début du conflit, avec plus de 900 restants en début d’année. Ioussov s’est également référé à environ dix mille missiles antiaériens S-300, d’une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’à un vaste arsenal de S-400, un modèle plus récent avec une portée triplée. Vadym Skibitsky, le vice-chef du GUR, a mentionné en août le nombre de 585 missiles avec une portée dépassant 500 kilomètres.

En termes de capacités de production, elles seraient maintenant d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, comme le suggèrent plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités par mois.

La Russie aurait en outre obtenu des missiles de courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait de le faire. Selon Reuters, qui fait référence à plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens du type Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, moment où un accord aurait été conclu. Le nombre exact de missiles nord-coréens obtenus par la Russie reste inconnu, cependant, 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après Andriy Kostin, le procureur général. Suite à l’analyse des débris et des trajectoires par les experts, il semblerait probable que ce soient des KN-23 et KN-24, d’une portée d’environ 400 kilomètres.

Et que dire des avions de combat F-16 ?

En réponse à une requête de longue date du Président ukrainien, les Etats-Unis ont approuvé, en août 2023, le transfert des avions de guerre F-16 vers l’Ukraine. Même s’il existe une potentialité de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays d’Europe tels que la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, entre autres, chaque pays possédant ce type d’avion n’est pas capable de les transférer instantanément.

Le souhait de Volodymyr Zelensky était d’acquérir 42 F-16 des alliés occidentaux pour Kiev, mais cette information n’a pas été validée. Le Danemark a promis d’en céder 19. Les 6 premiers ne peuvent être livrés qu’à partir de la fin 2023, suivis par 8 autres en 2024 et 5 enfin en 2025, comme l’a annoncé la Première Ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas se sont aussi engagés à fournir des F-16, possédant 42 unités, mais le nombre qu’ils prévoient de transférer n’a pas été spécifié.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés à l’utilisation de ces avions de guerre américains. Onze nations alliées à Kiev se sont engagées à former les pilotes. L’OTAN a prédit que les militaires ukrainiens ne seraient capables d’opérer ces avions en conditions de combat qu’à partir du début de 2024, tandis que d’autres experts estiment cela possible pour l’été de la même année.

Quel est le type de soutien militaire que ses alliés apportent à Kiev?

Deux ans après le commencement d’une guerre de grande envergure, le soutien occidental à Kiev semble s’essouffler, avec une baisse des engagements financiers récents de Août 2023 à Janvier 2024 par rapport à la même période l’année précédente, comme indiqué dans le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Selon les prévisions, cette tendance pourrait se maintenir, avec le Sénat américain et l’Union européenne ayant du mal à approuver de nouveaux fonds, en particulier une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison de l’opposition hongroise. Il est à souligner que ces deux tranches d’aide n’ont pas encore été intégrées dans le dernier relevé de l’Institut Kiel qui s’arrête en Janvier 2024.

L’institut allemand met en lumière une contraction et une concentration du nombre de donateurs, principalement les États-Unis, l’Allemagne et les pays de l’Europe du Nord et de l’Est, qui s’engagent à fournir à la fois une aide financière importante et des armes modernes. Au total, depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à concourir pour un minimum de 276 milliards d’euros en matière d’aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les pays les plus riches se sont avérés les plus généreux. Les États-Unis sont en tête avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncée, dont 46,3 milliards d’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne de 93,25 milliards d’euros, soit un total de 158,1 milliards d’euros.

En évaluant les montants de dons en fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, la hiérarchie se révèle différente. Les États-Unis tombent à la 20e position, contribuant seulement 0,32% de leur PIB, se trouvant derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou des anciennes puissances soviétiques amicales. L’Estonie se place en pole position avec une contribution de 3,55% de son PIB, suivie du Danemark (2,41%) et de la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top cinq. Les trois pays baltes, tous voisins avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le commencement du conflit.

En se basant sur le pourcentage du PIB, la France est en 27e position, ayant consacré seulement 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’assistance offerte par la France a constamment diminué depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France se classait 24e en avril 2023 et 13e à l’été 2022.

Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Selon le texte d’origine, ces derniers temps, l’Ukraine et la Pologne ont eu des relations tendues, surtout en ce qui concerne le transit des grains ukrainiens. Au printemps 2022, l’Union européenne a établi des « voies de solidarité » pour soutenir l’expédition et la vente de produits agricoles ukrainiens, exemptés de droits de douane, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, environ la moitié des grains ukrainiens passent ou finissent leur itinéraire dans l’UE, d’après la Fondation Farm, un think tank agricole global, leur coût étant nettement inférieur à celui du blé de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont donc justifié la menace de ces grains bon marché sur leur marché local et donc sur leurs revenus agricoles pour bloquer unilatéralement leurs importations en avril 2023. Bruxelles a accepté cet embargo sous réserve qu’il n’obstrue pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Cependant, en dépit de l’avis de Bruxelles affirmant que l’embargo n’a plus lieu d’être car ses études indiquaient « qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les grains », la Pologne a maintenu sa frontière fermée aux grains ukrainiens à la fin de l’été, arguant que l’issue sous-jacente n’avait pas été résolue.

Des agriculteurs de Pologne ont décidé de barrer leur frontière avec l’Ukraine pour interdire l’accès aux camions venant du pays voisin. Ils ont exigé un « Embarquement total » sur toutes les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes. Ils protestent contre l’augmentation drastique de leurs dépenses de production: ils se trouvent dans une situation où leurs greniers et leurs entrepôts sont surchargés, tandis que les prix sont au plus bas niveau.

Au sein de sa déclaration de 2024, le président ukrainien a dit que cette décision de blocage de la frontière polonaise montre une « érosion de la solidarité » envers l’Ukraine, et a demandé une négociation avec la Pologne. Il s’est aussi exprimé en disant que « Seulement Moscou se réjouit » de ces conflits, tout en critiquant la « manifestation des slogans explicitement pro-Poutine ».