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4 août 2024 1 h 06 min

« Testé: ‘Thank Goodness You’re Here’, jeu vidéo »

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Il a fallu beaucoup de temps avant qu’on ait l’opportunité de rire aux éclats devant un jeu vidéo. L’aspect comique du personnage principal de « Merci Dieu que tu es là! » (lancé le 1er août sur PC, PlayStation et Switch) est manifeste dès le départ : petit en stature, une moustache rousse, chauve et portant un costume avec une cravate. Le jeu suit ce représentant d’une petite entreprise se rendant dans une ville du nord de l’Angleterre pour avoir un rendez-vous avec le maire. Arrivé en avance, notre petit héros décide de faire un tour.

La tranquillité de la petite ville n’est qu’une façade, ses habitants étant tous plus excentriques les uns que les autres. Le poissonnier fumant comme un sapeur-volontaire vend du poisson qui, eux aussi, ont une cigarette entre leurs lèvres. Le propriétaire du pub exprime sa bienveillance sur une bière matinale, ou dans un souterrain, une lombric déplore les minces opportunités de carrière disponibles pour ses semblables. Chaque nouveau scénario fournit l’occasion de sketchs remplis de jeux de mots et d’éclats surréalistes, ou de situations gênantes en compagnie de personnages qui semblent sortis directement de l’émission ‘Groland’.

L’humour principal du jeu réside dans l’unique capacité qui nous est donnée en dehors de nos mouvements : celle de donner des gifles. Pour avancer, il nous faut gifler tous ceux qui croisent notre chemin, que ce soit pour lancer une conversation ou résoudre des énigmes simples qu’on pourrait rencontrer en cours de route, comme celle qui nécessite de frapper les barils dans la cave du pub pour faire couler la bière. Bien que le jeu ait des aspects répétitifs, comme l’usage constant du bouton ‘gifles’, il offre néanmoins une expérience immersive, riche en détails qui donne l’impression de jouer un dessin animé interactif d’environ deux heures.

Des catastrophes inattendues se produisent de temps à autre, comme une énorme saucisse qui envahit le domaine public, ou l’eau de la fontaine qui est remplacée par de la friture bouillante de fish and chips. Et malgré les ravages causés, nous ne sommes jamais critiqués. En fait, les habitants montrent une gentillesse sans fin envers nous. Le jardinier ne se fâche pas lorsque son sac de fumier explose sur son visage, un incident auquel il a du mal à faire face. Au lieu de cela, il est heureux d’avoir de l’engrais pour sa tomate qui, en mûrissant, acquiert un visage et l’appelle papa. Les locaux, dont nous avons détruit la maison ou le magasin, nous remercient constamment en disant « Heureusement que vous êtes là ».

Saisir une partie de l’esprit anglais

Au-delà de cette comédie de politesse, les créateurs de Coal Supper Studio, James Carbutt et Will Todd, parviennent à capter une partie de l’esprit anglais. Les accents du Yorkshire, l’aménagement intérieur des maisons, l’architecture en briques rouges ou l’amour de la nourriture frite le rendent réaliste. C’est un choix à contre-courant dans l’industrie du jeu vidéo qui, en général, tend à effacer les particularités locales pour faciliter la vente de ses produits à l’étranger.

Dans le jeu conçu par James Carbutt et Will Todd, on peut noter l’inclusion de certaines images d’archives de leur ville natale, Barnsley, afin d’ajouter une dimension sociale à l’expérience. Leur région d’inspiration, nichée entre Leeds et Sheffield, est en prise avec une crise économique dont les cicatrices sont clairement visibles dans le jeu. C’est ainsi que l’on peut apercevoir les vestiges d’installations minières, tout comme les détritus entre lesquels les joueurs doivent constamment zigzaguer, ou encore les épidémies d’obésité et d’alcoolisme qui sévissent parmi les habitants. Face à cette désolation, leur optimisme inébranlable apparaît comme leur dernier rempart.

Lorsque les personnages du jeu entament une chanson ensemble, un parallèle est indéniablement établi avec la fin de comédie musicale du film La Vie de Brian (1979) des Monty Python, où des personnages crucifiés entonnent en chœur : « Prenez toujours la vie du bon côté » (« Always look on the bright side of life »). Nul doute que le don pour rendre le désespoir joyeux est une marque typiquement britannique.

Voici ce qu’en pense Pixels :
Points positifs :
– Malgré des similitudes de surface avec Untitled Goose Game, ce jeu reste unique en son genre.
– L’humour se balance habilement entre satire sociale et surréalisme.
– Les dessins minutieusement détaillés et le doublage de qualité équivalente à celle d’une série animée.
Points négatifs :
– Le jeu peut parfois donner l’impression de tourner en rond.

Il pourrait vous plaire si :
– Vous êtes un grand fan des Monty Python.
– Vous soutenez le Barnsley Football Club.

Il pourrait ne pas vous convenir si :
– Vous suivez un régime sans graisse ni alcool.
– Vous éprouvez des difficultés à comprendre l’anglais et la lecture des sous-titres (en français) vous fatigue.
– Vous trouvez qu’une durée de deux heures et demie est trop courte pour un jeu.
Notation de Pixels :

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