Lors de la proclamation des résultats du premier tour des élections législatives le 30 juin, la possibilité d’un gouvernement d’extrême droite a été envisagée pour la première fois comme une probabilité considérable dans notre nation. Néanmoins, une semaine après, le Rassemblement national (RN), malgré des chiffres alarmants, a été abaissé à la troisième position grâce à une coalition républicaine, quoique prévoyant sa fin.
La France a cherché dans son passé la puissance pour un regain, celle du rejet du racisme et de la xénophobie. En effet, durant la période entre les deux tours, les médias et dirigeants politiques semblent avoir rappelé que l’extrême droite est raciste et xénophobe, comme en témoignent son programme, ses candidats et la haine générée en mots et en actes par la possibilité de sa victoire potentielle.
La transformation électorale occasionnée par ce discours – largement invoqué – révèle la vacuité des déclarations – des médias, des politiques, des intellectuels – émises de plus en plus vigoureusement depuis que Jean-Marie Le Pen est parvenu au second tour de l’élection présidentielle en 2002 et encore plus depuis l’élection de Marine Le Pen à la tête du Front national (FN) en 2011.
Ces déclarations indiquaient que nous devrions arrêter de dénoncer le racisme du FN (devenu RN en 2018), car cela ne permettait pas de réduire ses performances et la véracité de ce racisme devenait douteuse, car le RN prétendait entamer sa transformation républicaine. En contradiction avec la logique du bouc émissaire.
Au lieu de cela, le Graal était censé se trouver dans la critique systématique du FN/RN, et dans la compréhension des raisons des électeurs touchés par des problèmes sociaux que la gauche, aveuglée par un antiracisme qui la pousse à substituer l’image de l’ouvrier à celle de l’immigré, ne voulait plus résoudre ou ne pouvait plus identifier, au bénéfice de l’extrême droite.
Dans une interprétation plus avancée, l’évasion est devenue conformité. Ainsi, Gérald Darmanin a promulgué une loi sur l’immigration en prétendant répondre aux préoccupations des Français en matière d’immigration. Quel en a été l’effet ? Selon Elabe, entre mai et novembre 2023, le pourcentage de Français qui pensent qu’il y a trop d’immigrés en France a augmenté de 7 points. Cet effet a probablement alimenté la dynamique électorale du RN lors des élections européennes, où le parti a fait campagne bénéficiant de la légitimation de sa stratégie d’immigré bouc émissaire par le gouvernement lui-même.
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