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4 août 2024 10 h 11 min

« Haut débit, chargeurs, laptop musclé : trinité tracancière »

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Vous pouvez trouver tous les épisodes de la série « Tracances, j’oublie tout ? » ici. Lors de votre visite à Quimiac, une station balnéaire située en Loire-Atlantique, vous pourriez observer des individus sur les bancs de la place du marché, à côté du syndicat d’initiative, avec leur ordinateur reposant sur leurs genoux. Ils ne sont pas là pour participer à un club, mais pour se connecter au Wi-Fi. Une mauvaise posture est quelque chose que beaucoup de gens noteront, ce qui pourrait expliquer pourquoi des annonces de vacanciers à la recherche d’un lieu de travail sont apparues sur le groupe Facebook « Quimiac Life ». Lisez entre les lignes : ces travailleurs sont à la recherche de lieux avec Wi-Fi.

Antoine Tézier, qui chapeaute le groupe et travaille en tant que responsable commercial pour une entreprise spécialisée dans les équipements de sécurité, fait une estimation selon laquelle un tiers des résidences secondaires dans la municipalité ont une connexion Internet. Les gens s’installent chez les voisins. Il relate son expérience de travail avec des amis. Ensemble, ils ont créé un miniespace de coworking autour d’une grande table pour partager le Wi-Fi, et ils ont pris des pauses groupées.

Au moment des congés, c’est souvent quand les tracanciers urbains rencontrent les zones blanches. Prenons l’exemple de Nadine, une cadre d’un groupe de luxe, qui se rappelle qu’il a fallu qu’elle se tienne debout sur une pierre dans le jardin pour passer ses appels pendant ses vacances dans le Lot. De même, Laure, une entrepreneuse sociale en Seine-Saint-Denis, se rappelle avoir dû ouvrir son ordinateur le soir devant une boulangerie-café fermée pendant ses vacances dans les Pouilles, en Italie, parce que les personnes qui leur avaient loué la maison n’avaient pas installé de Wi-Fi, estimant qu’ils étaient là pour se reposer. Pour le tracancier, la carte des attractions touristiques de la région se transforme rapidement en une carte des connexions Internet disponibles.

« Le besoin d’être connecté ne se limite pas à la nécessité de travailler, il sert également à signifier sa présence. Être invisible en ligne est comparable à ne pas être présent physiquement au travail. Cela met en lumière le paradoxe de la connectivité pour ceux qui travaillent à distance. C’est à la fois ce qui leur donne la liberté d’être à l’écart, tout en représentant une contrainte, servant de système de pointage. Cela explique pourquoi ils sont particulièrement sensibles à la question de la connectivité, surtout qu’ils doivent la partager avec d’autres vacanciers (par exemple, ceux qui passent leur temps à regarder des séries sur Netflix).

Dans certaines installations de camping ou de villégiature, un petit indicateur sur le site web affiche le débit en temps réel pour rassurer les vacanciers. Au camping Le Ventoulou à Thégra dans le Lot, l’accès Wi-Fi est gratuit depuis deux ans : « Au moins, depuis qu’il est gratuit, personne ne se plaint s’il n’obtient pas le débit souhaité », explique le gérant du site.

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