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Venezuela: l’opposition revendique victoire présidentielle

La contestation à la réélection du Président Nicolas Maduro demeure actif dans les rues. Le 3 août, à Caracas, des milliers de défenseurs de l’opposition vénézuélienne, conduits par leur dirigeante, ont protesté. En même temps, les partisans de Maduro préparaient à fêter la « victoire » dans le pays qui fait face à une pression internationale intense.
La chef de l’opposition, Maria Corina Machado, qui avait exprimé qu’elle se cache et a peur pour sa vie, est apparue à midi sur un camion proclamant « Venezuela a triomphé ». A son arrivée, elle a été acclamée par des milliers de partisans qui scandaient « Liberté! »
Ayant été déclarée inéligible par le pouvoir, Machado n’a pas pu concourir aux élections du 28 juillet. On l’avait remplacée par Edmundo Gonzalez Urrutia qui était absent au rassemblement convoquée samedi dans un quartier chic à l’est de la capitale, où il y avait une présence policière discrète.
« Nous n’avons jamais été aussi puissants »
Maria Corina Machado, absente des événements publics depuis mardi, a déclaré samedi à Caracas à des milliers de protestataires contre la réélection de Nicolas Maduro qu’ils n’ont jamais été aussi puissants. « Le régime n’a jamais été aussi faible… il a perdu toute sa légitimité, » a-t-elle déclaré à la foule au micro. « On ne quittera pas les rues [on ne cessera de manifester]», a-t-elle insisté. « Ils [le gouvernement] n’ont pas fourni un seul procès-verbal [des bureaux de vote]. La vérité est dans les procès-verbaux… On ne reculera pas sur notre responsabilité de défendre la vérité», a-t-elle continué.

L’opposante Machado s’est engagée devant ses soutiens, entourés d’une présence policière discrète, à ne pas abandonner leur cause sur la voie publique. Brandissant un drapeau vénézuélien devant ses partisans, Mme Machado est apparue résolue.
Cependant, la crainte suite à la répression massive de 2017 qui avait causé la mort de centaines de personnes sous la gouvernance de Maduro, et la mobilisation sécuritaire qui a suivi les élections sont palpables. Sonell Molina, 55 ans et mère de deux enfants expatriés au Pérou, explique que ses enfants sont anxieux pour elle et lui recommandent de partir. Malgré cela, elle insiste sur le fait qu’elle n’abandonnera pas sa patrie et qu’elle est là pour « défendre la démocratie et le vote ». Par ailleurs, la majorité des rues de la ville étaient pratiquement vides.
Les partisans pro-gouvernementaux se sont rassemblés en grand nombre au centre-ville pour marcher en direction du palais présidentiel, en faveur de la « paix nationale ». Selon le chef d’État, successeur du leader socialiste Hugo Chavez depuis 2013, cette marche devait être « la mère de toutes les marches pour célébrer la victoire », alors que le pays traverse une crise économique sans précédent.
Vendredi dernier, l’autorité électorale a, sans surprise, validé la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat jusqu’en 2031 avec 52% des voix contre 43% pour Edmundo Gonzalez Urrutia, sans toutefois dévoiler les résultats en détail.
« Nous avons triomphé ! », a déclaré Maria Corina Machado en réponse, sur X. « Nous avons les preuves, et le monde nous reconnaît déjà », a soutenu l’opposante, qualifiant les résultats officiels de « farce ». Selon les chiffres de l’opposition, M. Gonzalez aurait obtenu 67% des voix.
Notons que « onze civils ont été tués » au cours de ces événements.

Selon le rapport, onze citoyens et un soldat auraient perdu la vie, tandis que plus de mille deux cent individus ont été arrêtés durant les protestations spontanées qui ont éclaté à travers le pays dans les 48 heures suivant les élections. L’opposition a dénoncé une « répression violente », affirmant qu’il y avait eu vingt décès et onze disparitions forcées.

Des déclarations ont été faites vendredi condamnant le pillage de leur bureau à Caracas par un groupe d’hommes armés et masqués durant la nuit précédente, ainsi que l' »arrestation illégale » de leur responsable, le journaliste Roland Carreño, qui a été arrêté dans la capitale.

M. Maduro, pour sa part, a renouvelé ses attaques contre ses opposants, en critiquant notamment « l’assassin Gonzalez » et la « maudite Maria » Machado qu’il avait déjà menacé d’emprisonner. Pendant une conférence de presse à la présidence, il a dénoncé que ses adversaires planifiaient des attaques contre la police durant les marches de samedi.

Il a de nouveau condamné les manifestations post-électorales comme étant un « plan prémédité » par des « fascistes », des « criminels et des toxicomanes » qui ont attaqué les « symboles du chavisme bolivarien ». Maduro n’a cessé de dénoncer le « coup d’État » qu’il prétend être orchestré « par les États-Unis et l’extrême droite internationale » depuis sa réélection contestée.

La pression internationale monte en flèche. Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a exprimé sa « préoccupation » pour la sécurité de Mme Machado et de M. Gonzalez Urrutia lors d’une discussion vendredi avec eux. Il avait déjà reconnu la victoire de l’opposition jeudi, en se basant sur des « preuves indéniables ».

Suite à une declaration récente, cinq nations latino-américaines ont officialisé la victoire de l’adversaire, parlant de « preuves irréfutables » de son succès. Le Pérou a initié cette reconnaissance dès mardi, provoquant une rupture diplomatique avec Caracas. Par contre, le Nicaragua, allié clé du gouvernement chaviste avec, entre autres, la Russie et l’Iran, a confirmé la victoire de M. Maduro.
Le président vénézuélien a exprimé sa gratitude envers les présidents du Brésil, de la Colombie et du Mexique, qui, selon lui, « font un effort collectif pour le respect du Venezuela et pour empêcher les interventions des États-Unis ». Ainsi, ces trois nations qui jouissent de bonnes relations avec le Venezuela chaviste, ont demandé une « vérification neutre des résultats » de l’élection.
Avec sa propre série animée, des produits promotionnels, et des rassemblements publics, Nicolas Maduro avait tout mis en œuvre pour assurer sa réélection pour un troisième mandat au Venezuela. Bien qu’il ait été prédit perdant, il a remporté le scrutin du dimanche 28 juillet.
Quelques jours après la proclamation des résultats, le lundi 29 juillet, la situation reste confuse. Malgré l’annonce officielle de la victoire du président sortant par le Conseil national électoral, neuf pays latino-américains demandent une « révision totale des résultats ». L’opposition refuse d’accepter les résultats officiels, qui accordent 51,20 % des votes en faveur de Nicolas Maduro. Selon eux, leur candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, aurait gagné l’élection, avec plus de 70% des voix.

Dans cette séquence, nous examinons le scénario politique de cette élection discutée et les critiques formulées, tant au niveau national qu’international, contre l’héritier du chavisme. Si vous voulez en savoir plus sur la crise économique qui frappe le pays depuis le milieu des années 2010, nous vous suggérons de consulter le décryptage suivant. Les vidéos pédagogiques qui font partie de la série « Comprendre en trois minutes » sont réalisées par le service Vidéos verticales du Monde. Elles sont d’abord diffusées sur des plateformes telles que TikTok, Snapchat, Instagram et Facebook, avec pour but de replacer les grands événements dans un format court et de rendre les nouvelles compréhensibles pour tous. Contribuez et réutilisez ce contenu.

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