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3 août 2024 16 h 11 min

« Sur l’Adriatique, plages du masculinisme »

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Sur l’une des nombreuses terrasses hôtelières de la côte adriatique, « Zizi » et sa bande admirent le défilé de voitures d’époque, tout en dégustant du prosecco. En cette belle après-midi d’été, les véhicules historiques américains brillent de mille feux sur la rue principale de la station balnéaire de Torre Pedrera, proche de Rimini (Émilie-Romagne). Zizi, un fin connaisseur, faisait jadis monter ses conquêtes féminines dans sa Alfa Romeo décapotable durant la période dorée des années 70. Le soi-disant « beau gosse de la riviera romagnole » revendique d’avoir charmer pas moins de dix mille femmes. Cependant, ses amis le taquinent, disant que ce chiffre est simplement pour surclasser Zanza, son compétiteur, qui se vantait d’avoir eu six mille femmes dans son lit.

Maurizio Zanfanti, aussi connu comme « Zanza », est décédé d’une crise cardiaque dans une voiture après un rapport intime avec une touriste de 23 ans, alors qu’il en avait 63. Ses funérailles en 2018 à Rimini ressemblaient à des obsèques d’État. De même, l’anniversaire de Zizi en juin, marquant ses 80 ans, a attiré pratiquement autant de monde, soit plus de deux cents individus, selon son propre compte. On peut lire « Il n’y a personne comme moi » sur son t-shirt, affichant une image de lui-même en maillot de bain, flexant ses biceps. Le Corriere della Sera l’a récemment décrit comme un « lion fatigué », avec ses cheveux de poivre et sel.

Le charmeur latin nous présente plusieurs albums avec des photos anciennes : « Zizi » en fourrure, en compagnie de jeunes Allemandes ; « Zizi » barbu, embrassant des Scandinaves ; « Zizi » au Number One, un club local… L’endroit a fermé ses portes, comme beaucoup d’autres dans la région. Seule la Baia Imperiale, avec son décor d’aigles et de colonnes, inspiré de l’Empire romain, survit aux périodes prospères et joyeuses du tourisme romagnol.

Une beauté un peu passée
La décadence daterait de 1989, selon Enea Conti, le journaliste qui couvre la région pour le Corriere della Sera. « Cette année-là, » dit-il, « l’eau a été envahie de mucilage [une substance gélatineuse, appelée « snot de mer »]. Et avec la chute du mur de Berlin, puis l’arrivée des compagnies aériennes à bas prix, la riviera a subi la concurrence d’autres destinations. Mais elle se redresse maintenant. »

Pour nous persuader, le journaliste nous a donné rendez-vous au Bagno Tiki 26, une institution balnéaire emblématique de Rimini. Le directeur, Gabriele Pagliarani, s’est créé un personnage : il est le « sauveteur de l’Italie ». Il pose en débardeur et short bleu marine, les bras ouverts, le visage souriant et ensoleillé, aux côtés de deux femmes en costumes de carnaval brésilien. « Ma fille, qui étudie la communication, m’a conseillé de créer un profil Instagram », dit le vibrionnant quinquagénaire. « Je parcours toute la côte Adriatique, du nord au sud, pour rencontrer mes collègues plagistes. Sur les réseaux, je montre la véritable image, accueillante et chaleureuse, de notre profession. »

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