Le mardi 30 juillet, un juge d’instruction a décidé que le cinéaste Christophe Ruggia sera convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris les 9 et 10 décembre pour répondre d’accusations d’agressions sexuelles aggravées, perpétrées sur l’actrice Adèle Haenel pendant son enfance, selon des informations obtenues par l’Agence France-Presse (AFP) d’une source proche de l’affaire.
L’AFP, ayant consulté le décret du juge, a révélé que ce dernier a mis l’accent sur les déclarations « détaillées, cohérentes et précises » de l’actrice, son « état de stupéfaction » lors des événements, les « répercussions psychologiques » des attaques, la « substantielle différence d’âge entre les deux parties » ainsi que « l’apparition d’une contrainte psychologique croissante » imposée par le réalisateur, le premier à l’avoir dirigée dans le film « Les Diables » (2002).
Le juge a retenu deux circonstances aggravantes : l’âge mineur de l’actrice au moment des faits et la position d’autorité du cinéaste. « Christophe Ruggia a nié toutes les accusations portées par la plaignante tout au long du processus », note le juge. Les avocats du cinéaste, Fanny Colin et Orly Rezlan, ont refusé de faire des commentaires.
L’affaire en question porte sur des faits qui se sont déroulés entre septembre 2001 et février 2004 : Adèle Haenel avait alors entre 12 et 15 ans. Agé de 36 à 39 ans, Christophe Ruggia l’accueillait chez lui tous les samedis après-midi pendant près de trois ans.
Cependant, la magistrate a décidé de classer sans suite les accusations d’agressions sexuelles formulées par l’actrice lors de festivals au Japon en juin 2002 et au Maroc en septembre de la même année. L’intervalle entre janvier et fin août 2001 a également été retiré du processus de poursuites judiciaires.
Symbolique du mouvement #metoo dans le domaine du cinéma, cette affaire a été mise à jour en 2019 suite à une enquête approfondie et un entretien de l’actrice avec Mediapart. Elle a condamné l' »influence » du réalisateur, qui n’est pas très connu du public, pendant la préparation et le tournage du film. Elle a ensuite dénoncé un « harcèlement sexuel incessant », des « touchers » répétés et des « baisers contraints sur le cou », qui se seraient passés chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux.
Initialement réticente à porter l’affaire en justice, Adèle Haenel a finalement déposé une plainte quelques jours après l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris le 6 novembre 2019, refusant de « se soustraire ».
Christophe Ruggia a été mis en examen le 16 janvier 2020 pour « agressions sexuelles sur une personne mineure de 15 ans par une personne ayant autorité sur la victime », et a été placé sous surveillance judiciaire.
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