Le 4 août 2020, Beyrouth a été secouée par une terrible explosion dans son port, précisément à l’entrepôt n° 12, débordant de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium ayant malencontreusement pris feu. À ce moment, Malek Mehio, un jeune homme de 25 ans, d’origine française et libanaise, était en visite chez ses parents dans le quartier de Zarif, près de Verdun, à Beyrouth-Ouest. Alors qu’il était dans leur salon, l’impact de l’explosion a ébranlé l’ensemble de leur résidence, comme tous les immeubles de la capitale libanaise.
L’explosion a projeté Malek au sol, blessant gravement ses jambes avec des éclats de verre qui ont sectionné son artère et sa veine fémorale, ainsi qu’écrasé son nerf sciatique. Il a perdu presque cinq litres de sang. Face à l’ampleur du désastre, les services d’urgence étaient submergés et incapables de lui venir en aide. Finalement, c’est son père, malgré une blessure au ménisque et un ligament coupé, qui l’a transporté jusqu’à l’hôpital le plus proche.
Aujourd’hui, bien que Malek ait terminé ses études en France, il souffre encore de troubles de stress post-traumatique et de blessures physiques suite à cette explosion. Lui et sa famille, épuisés par la crise économique, le blocage politique et l’injustice au Liban, ont déménagé à Paris. C’est là où Malek est né et où ils avaient déjà vécu.
Tarek Bitar, le magistrat en charge de l’enquête, est confronté à de nombreux obstacles pour émettre des mandats d’arrêt et des convocations aux personnes impliquées dans l’affaire, comprenant notamment des figures influentes sur la scène politique et sécuritaire. Divers recours en décharge entravent considérablement le travail du juge d’instruction, ainsi que la responsabilité de l’État. De plus, une décision du précédent procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, depuis 2023, met en attente les enquêtes, en empêchant les forces de sécurité de suivre les directives du juge Bitar.
Du nombre total de 235 décès et 6 500 blessés résultant de l’explosion du 4 août 2020, au moins 50 victimes sont de nationalité française ou franco-libanaise. Il est ainsi logique que le pôle accidents collectifs du parquet de Paris a lancé une « enquête parallèle » dès le 5 août 2020. Ensuite, « par réquisitoire du 11 août 2020, nous avons débuté une instruction, sur les délits de blessures et homicides involontaires », déclare le parquet de Paris au Monde.
Entreprises fictives
En raison des obstacles mis à l’étude judiciaire au Liban, l’espoir des victimes franco-libanaises se trouve maintenant centré sur la justice française. Cependant, les enquêtes se révèlent être longues et complexes dans un dossier qui s’étend de la Russie à la Syrie, en passant par le Mozambique, Chypre ou le Royaume-Uni. Derrière la cargaison de nitrate d’ammonium, se cache un réseau complexe d’entreprises fictives, d’intermédiaires et de destinataires inexistants.
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