Au cours des dernières semaines, les forces de l’ordre turques ont travaillé avec diligence pour appréhender de nombreux Kurdes qui ont manifesté leur soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) par des chansons ou slogans. Ce parti, considéré comme une organisation terroriste par le gouvernement d’Ankara et ses alliés européens et américains, reste populaire parmi de nombreux Kurdes en Turquie, malgré son engagement dans la lutte armée.
Récemment, dix-huit individus ont été pris en charge par la police le samedi 27 juillet pour avoir partagé sur les réseaux sociaux une chanson favorable au PKK. Ces arrestations ont eu lieu dans divers quartiers d’Istanbul. Parmi les dix-huit, onze ont été mis en détention tandis que sept ont été relâchés sous surveillance judiciaire.
La semaine précédente, des opérations policières ont été menées lors de mariages traditionnels kurdes célébrés dans l’est de la Turquie, principalement dans les villes d’Agri et de Siirt. Douze individus ont été arrêtés pour avoir chanté des chansons en soutien au PKK, une activité considérée par le droit turc comme un « soutien à une organisation terroriste ».
En particulier, les autorités sont fortement dérangées par un slogan qui appelle à une « Longue vie au chef Apo! », faisant référence à Abdullah Öcalan, le fondateur du PKK. Öcalan est actuellement incarcéré dans la prison d’Imrali, située au sud de la mer de Marmara, où il purge une peine à perpétuité pour des crimes contre l’Etat turc. Malgré sa capture en 1999 et sa condamnation initiale à la pendaison, ce leader kurde de 75 ans reste une figure importante pour de nombreux Kurdes, y compris pour ceux affiliés au Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), le seul parti pro-kurde légal en Turquie.
La semaine passée a vu l’arrestation de neuf jeunes Kurdes qui chantaient et dansaient le halay (une danse de groupe) sur une plage de Mersin, dans le sud de la Turquie. Leur crime : scander « Longue vie au chef Apo ! ». Pendant leur transport au poste de police dans un minibus, ils ont été forcés d’écouter la chanson nationaliste « Je mourrai pour toi ma Turquie » à un volume élevé. Ce fait a été salué par le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, qui a même partagé les images sur son compte Instagram.
Ce n’est pas la première fois que les autorités interpellent des Kurdes pour leurs slogans jugés subversifs. De même, il n’est pas inhabituel que des panneaux de signalisation en langue kurde, érigés par des maires élus du parti DEM dans les villes du sud-est, soient retirés sur ordre des gouverneurs. Ces derniers jours, ce phénomène s’est produit à Van, Diyarbakir, Batman, Dargeçit, Nusaybin et Mardin. À Diyarbakir, les panneaux en question ont été remplacés par le slogan « La Turquie est à la Turquie et restera turque.»
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