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2 août 2024 20 h 09 min

Essor des « call centers » de drogue

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Conformément à ce que son appellation laisse entendre, la plateforme de livraison Speed Delivery ne faisait pas attendre ses clients. Semblable à une startup emblématique de l’économie collaborative, cette petite entité opérationnelle située dans le nord de Paris avait l’habitude d’envoyer rapidement ses livreurs motorisés une fois les commandes reçues via une application sécurisée. Cependant, Speed Delivery ne dealait pas avec la restauration rapide, son offre était d’un tout autre genre. Des enquêtes policières menées tout au long de l’année 2022 ont dévoilé que leur catalogue comportait des produits tels que cocaïne, cannabis, 3MMC, Tina (une méthamphétamine), GBL, et même du Kamagra, un médicament indien facilitant l’érection.

Les écoutes téléphoniques effectuées par la police ont révélé une organisation bien structurée, où chaque membre accomplissait une tâche bien définie, caché derrière des pseudonymes tels que « Big Pharma », « Kadhafi », « Maître Yoda » ou « Tahiti ». Au total, quatorze personnes ont été jugées devant le tribunal correctionnel de Paris, du 24 mai au 4 juin, pour des accusations de « trafic de stupéfiants » mais aussi « association de malfaiteurs en vue de commettre un délit passible d’une peine d’emprisonnement de dix ans ». Des peines progressives, allant du sursis à sept ans de prison ferme, ont été prononcées en fonction du rôle de chacun dans le réseau.

Ce réseau de trafic de drogues opérait sur Internet en répartissant les tâches et en segmentant les relations entre les clients et les livreurs. Les livreurs, en scooters ou en voitures, pouvaient effectuer jusqu’à quarante livraisons par jour pour les plus actifs, des missions réparties entre Speed Delivery et deux autres plateformes connexes, dénommées « Mister Delivery » et « Shay ». Le travail était rémunéré à hauteur d’environ 700 euros par semaine, voire plus de 1 200 euros en fonction du nombre de livraisons effectuées.

Responsable d’appels, coordinateur, livreur

En Belgique et aux Pays-Bas, les réapprovisionnements se font régulièrement. Un appartement situé aux Lilas (Seine-Saint-Denis) sert de point de conditionnement pour les marchandises. Malgré l’arrestation d’un des livreurs présumés, indiquée par le message « Tahiti a été attrapé », échangé par ses collaborateurs au printemps 2022, la start-up continue de fonctionner. Le cas de Speed Delivery n’est pas un incident isolé. Il dévoile une tendance économique croissante, celle des « centres d’appels » des trafics de stupéfiants, de véritables plateformes en ligne pour commander des drogues qui garantissent un service rapide, efficace et surtout très discret.
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