Maria Corina Machado, la dirigeante de l’opposition au Venezuela, a appelé à des manifestations nationales le samedi 1er août pour dénoncer ce qu’elle prétend être des fraudes qui ont permis la réélection du président Nicolas Maduro. Elle a également exprimé des craintes pour sa propre sécurité.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Mme Machado a exhorté les gens à rester forts et organisés, tout en se félicitant d’une « victoire historique ». Elle warnait en même temps sa résolution de poursuivre la lutte jusqu’au bout.
L’opposante a également fait valoir la force et la détermination de leur mouvement, insistant sur leur quête de liberté. Elle revendique la victoire massive de son candidat, le discret diplomate Edmundo González Urrutia, lors des élections du 28 juillet.
González Urrutia a déclaré qu’il était du côté du peuple et qu’il ne les abandonnerait jamais, malgré sa menace d’arrestation par M. Maduro et son absence de la scène publique depuis mardi.
Dans une tribune du Wall Street Journal, Mme Machado a exprimé sa crainte pour sa vie, affirmant qu’elle pourrait être arrêtée à tout moment. Cependant, une source de l’opposition a rassuré l’Agence France-Presse que Mme Machado était en sécurité.
Dans les suites de la farce, des protestations spontanées se sont dévoilées, principalement dans les secteurs défavorisés de Caracas et d’autres localités. Madame Machado mentionne que Monsieur Maduro a instauré une répression brutale en réponse à ces manifestations. Il faut, selon elle, que la répression soit arrêtée sans tarder, pour qu’un deal puisse être conclu rapidement afin de faciliter la transition démocratique. Elle déclare qu’ils ne cesseront leurs efforts jusqu’à leur libération.
Mercredi dernier, la chef de l’opposition qui a été jugée inéligible par le pouvoir en place et qui avait été substituée à la dernière minute lors de l’élection présidentielle du dimanche par le discret diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia, a invité les Vénézuéliens à protester dans les rues. C’est une première depuis le commencement de cette crise présidentielle. Plus de 1200 citoyens ont été arrêtés et une douzaine sont morts lors des protestations spontanées qui ont émergé dans le pays suivant les deux jours de scrutin. Vingt morts et onze disparitions forcées ont été annoncés par l’opposition.
La suite du leader socialiste et bolivarien Hugo Chavez, Nicolas Maduro, âgé de 61 ans et au pouvoir depuis 2013, a été réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, après avoir remporté le scrutin du dimanche avec 51,2 % des voix contre 44,2% pour son rival, en accord avec les résultats officiels.
Le CNE, qui a annoncé une cyberattaque, n’a pas diffusé de résultats électoraux détaillés, tandis que l’opposition affirme avoir accumulé plus de 80% des votes. Selon leur décompte, Gonzalez Urrutia a obtenu 67% des suffrages. Machado et Urrutia ont crié au scandale, exigeant un recompte des voix transparent. Cette revendication a été soutenue par de nombreux pays occidentaux et latino-américains.
De son côté, Maduro a déclaré mercredi qu’il emprisonnerait les leaders de l’opposition, affirmant qu’ils ne prendraient jamais le pouvoir. Il a ensuite rencontré des policiers anti-émeute, les félicitant pour l’arrestation de plus de 1 200 « criminels » qui contestent sa réélection. « Je compte sur vous ! » a-t-il dit aux forces de l’ordre.
Jeudi à Caracas, la vie est revenue à la quasi normalité et les transports publics ont repris leur activités. « La vie revient à la normale. Je rentre du travail et je fais quelques courses pour la maison » a déclaré Reinaldo Garcia, un entrepreneur de 55 ans du quartier populaire de Petare.
« Nous ne savons pas ce qui pourrait se passer. Face à cette incertitude, les gens font des réserves de nourriture. Comme tout le monde, je suis allé faire des achats, du sucre, un peu de tout. Le pays est dans une situation intermédiaire » a déclaré Carmen, 50 ans, qui réside également à Petare. Dans la ville, la présence policière est faible, bien qu’elle soit un peu plus visible dans les quartiers les plus agités, avec des patrouilles nocturnes.
Plusieurs funérailles des protestataires ont été organisées, dont celle de Victor Bustos, qui a été assassiné par un tir de balle à la poitrine à Valencia (au nord), troisième plus grande ville du pays. « Il a été tué sans raison », ont déclaré les membres de sa famille. Ils accusent la police d’avoir « employé des armes à feu réelles ». L’ouvrier, âgé de 35 ans, est parmi les 46 personnes qui ont été arrêtées à Valencia selon l’ONG vénézuélienne Foro Penal. Certaines de ces personnes ont été « déplacées illégalement vers des installations militaires », selon l’ONG. D’après le procureur général Tarek William Saab, 1 062 individus ont été mis en détention pour « comportement fascisant », risquant jusqu’à trente ans d’emprisonnement.
Le président Maduro a annoncé que deux prisons de haute sécurité sont en cours de préparation pour accueillir ces manifestants. « Nous en avons arrêté 1200, nous en cherchons 1000 de plus et nous les attraperons tous », a-t-il assuré lors d’une intervention nationale à la télévision, accusant les protestataires de vouloir « faire du Venezuela un autre Haïti ».
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a mentionné dans une déclaration jeudi qu’il y’avait des « preuves indéniables » de la victoire du candidat de l’opposition à l’élection présidentielle. En réponse, M. Maduro a exigé que les États-Unis « ne se mêlent pas des affaires du Venezuela ». La Colombie, le Brésil et le Mexique, qui entretiennent généralement de bonnes relations avec le Venezuela chaviste, ont demandé jeudi une « vérification rapide et impartiale des résultats ».
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