Trois personnes liées à de potentiels candidats pour la présidentielle tunisienne prévue le 6 octobre ont été interpellées le mardi 30 juillet, soupçonnées de « falsifier les parrainages », a déclaré une source judiciaire à une station de radio locale le mercredi. Une enquête a été lancée contre ces trois individus, qui sont suspectés d’avoir obtenu illégalement des signatures de votants pour présenter des candidatures, a déclaré le bureau du porte-parole du procureur de Tunis à Mosaïque FM. Ils sont actuellement détenus pour « création d’une bande de malfaiteurs, fraude, possession et utilisation de moyens frauduleux ».
Le premier arrêté, un propriétaire d’une chaîne de télévision en ligne, a été incarcéré après une perquisition à son domicile dans la banlieue sud de Tunis. Les deux autres, un journaliste et un militaire à la retraite, ont été interpellés à Sousse (Centre-Est). Nizar Chaari, un militant politique et propriétaire d’un site d’information, a condamné l’arrestation de son directeur de campagne, Lotfi Saïdi, un lieutenant-colonel à la retraite, et d’un collaborateur chargé de collecter des parrainages dans une vidéo publiée mardi. « Nous n’avons pas acheté ni prévoyons d’acheter des parrainages », a justifié M. Chaari dans sa vidéo sur Facebook.
Selon les experts, la course à la présidentielle du 6 octobre présente de nombreux défis pour les adversaires potentiels du président Kaïs Saïed, élu démocratiquement en 2019, mais qui a organisé une prise de contrôle il y a trois ans et qui cherche à obtenir un second mandat.
Les candidats ont jusqu’au 6 août, soit un peu plus d’une semaine, pour soumettre leurs dossiers à l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), qui rendra publique une liste préliminaire le 11 août. Les critères d’admission sont très stricts : ils nécessitent le soutien de 10 parlementaires ou de 40 chefs de collectivités locales – une tâche que M. Saïed devrait facilement accomplir – ou de 10 000 électeurs, avec au moins 500 signatures par circonscription, un effort difficile à réaliser selon les experts.
Plusieurs candidats de premier plan, tels que les opposants et leaders de parti Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, qui sont actuellement incarcérés pour suspicion de « complot contre la sécurité de l’État », ont été contraints de renoncer par manque d’une procuration spéciale nécessaire pour retirer les formulaires de soutien. Une autre personnalité de l’opposition, Abir Moussi, leader du Parti destourien libre (PDL) et nostalgique du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, renversé lors de la révolution de 2011, est également en détention pour des accusations de complot.
D’autres ont fait part de leur intention de se présenter, mais n’ont pas encore officialisé leur candidature, comme l’amiral à la retraite Kamel Akrout, l’ancien ministre Mondher Zenaïdi, qui sont tous deux à l’étranger, ainsi que le rappeur K2Rhym.
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