En 1992, la série animée Batman a fait son apparition, mais elle n’a pas suscité de « batmania » immédiate. Cela ne ressemblait en rien à l’effervescence des années 1960 avec la série mettant en vedette Adam West, ni à l’excitation ressentie lors de la sortie du film The Dark Knight de Christopher Nolan en 2005. Cependant, le statut de ce programme télévisé, diffusé jusqu’en 1995 et disponible sur Canal+ puis France 3 en France, a constamment augmenté au cours des 32 dernières années.
Scott Mendelson, critique américain pour Forbes, la décrit simplement comme « la meilleure série de super-héros », applaudissant « son intelligence » lors de la sortie d’une édition Blu-ray en 2022. Les fans approuvent également, affirmant par exemple que « certains épisodes présentent le meilleur Batman », sur un serveur Discord dédié au personnage.
L’empreinte culturelle de ce programme est si profonde que les fans attendent avec impatience son successeur spirituel, la nouvelle série Batman : Caped Crusader, qui sera diffusée sur Prime Video dès le 1er août. Il est clair que c’est une suite directe : le même esthétisme inspiré des films des années 1940, les mêmes lignes anguleuses et la même tenue pour le justicier (uniforme gris, ceinture jaune et yeux blancs émoussés). C’est le choix du producteur Bruce Timm, l’un des initiateurs de la série originale, maintenant soutenu par deux poids lourds d’Hollywood : J.J. Abrams (Star Wars : L’Ascension de Skywalker) et Matt Reeves (The Batman).
C’est une série pour enfants qui n’a pas peur d’explorer l’obscurité.
Initialement, la série animée Batman, lancée au début des années 1990, n’était rien d’autre qu’un produit dérivé ordinaire. C’était une initiative rapide de Warner Bros pour établir un lien entre les deux films de Tim Burton, sortis en 1989 et 1992. C’est ce qu’a expliqué Paul Dini, l’un des co-créateurs, lors d’une entrevue avec Le Monde lors du festival d’Angoulême en 2019. Les directives étaient assez libres : « Prenez ce que vous aimez chez Batman et transposez-le à l’écran », se souvient-il.
Dans les années 1990, Paul Dini, avec son collaborateur Bruce Timm, étaient des spécialistes en dessins animés pour enfants. Ils ont d’abord travaillé ensemble sur le dessin animé Les Maîtres de l’Univers, puis ont contribué à Tiny Toons, une version revisitée des aventures de Bugs Bunny. Ils savaient comment plaire au jeune public, qui était la cible principale de Warner Bros, en combinant humour et action non violente. Leur expertise a permis de réintroduire l’aspect enfantin du Batman des années 1960, qu’ils appréciaient dans leur jeunesse, tout en incorporant des influences plus sombres et actuelles.