Maria Corina Machado, la dirigeante de l’opposition au Venezuela, a exhorté le public, le 1er août, à se mobiliser contre le régime de Nicolas Maduro, dont la réélection à la tête de l’État fait l’objet de contestations. « Nous avons invité le régime à reconnaître sa défaite de manière démocratique (…) mais il a préféré la répression, la violence et le mensonge. Il est de notre devoir à tous de faire respecter la vérité. Mobilisons-nous », a déclaré Mme Machado dans une déclaration diffusée sur X.
Jusqu’à maintenant, l’opposition n’avait jamais demandé de manifester. Edmundo Gonzalez Urrutia, son candidat, avait même déclaré plus tôt dans la semaine que les « manifestations » du jour n’avançaient pas « l’objectif ». Cependant, les déclarations de Maduro ont laissé entendre qu’il n’avait aucune intention de céder le pouvoir, forçant ainsi l’opposition, qui comptait sur le soutien international, à changer de tactique.
Mercredi, Maduro a menacé d’incarcérer les deux leaders de l’opposition, affirmant que ses rivaux n’accéderont « jamais au pouvoir ». « M. Gonzalez Urrutia, montrez-vous, arrêtez de vous cacher, ne soyez pas peureux, Mme Machado (…), vous avez du sang sur les mains », a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse avec des journalistes étrangers, la première depuis près de deux ans, au palais présidentiel de Miraflores.
« Fraude énorme »
Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013 et successeur du leader socialiste et bolivarien Hugo Chávez, a été proclamé vainqueur pour un troisième mandat jusqu’en 2031, suite aux élections de dimanche où il a obtenu 51,2% des votes, contre 44,2% pour son opposant, selon les chiffres officiels.
La dirigeante de l’opposition, Mme Machado, qui a été déclarée non éligible, a été rapidement remplacée par M. Gonzalez Urrutia. Ces deux figures sont des leaders du mouvement de contestation des résultats électoraux, alors que les allégations de « fraude massive » sont dénoncées par l’opposition dans les rues.
Ils prétendent posséder des preuves confirmant la victoire de leur candidat et ont appelé le Conseil national électoral (CNE) à publier les détails du scrutin. En outre, ils ont insisté pour que les bulletins de vote soient recomptés de manière transparente.
Depuis lundi, au moins 11 civils ont perdu la vie durant les émeutes, selon des rapports d’ONG. Les autorités ont signalé un douzième décès, celui d’un soldat abattu. Le bureau du procureur rapporte également que 77 fonctionnaires ont été blessés et plus de 1000 personnes arrêtées. Mme Machado a récemment fourni un nouveau bilan de « 16 homicides » et « 11 disparitions forcées ».
Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), a quant à lui déclaré qu’il avait l’intention de demander à la Cour pénale internationale d’accuser le président Nicolas Maduro et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre pour le « bain de sang » qui a eu lieu au Venezuela pendant les manifestations violentes contre sa réélection.
Le secrétaire général de l’OEA a noté que Maduro avait promis un « bain de sang » et qu’il l’a mis en œuvre. « C’est le moment pour la Cour pénale internationale d’émettre des actes d’accusation et des mandats d’arrêt contre les principaux responsables, y compris Maduro », a déclaré Almagro sur la plateforme X, mercredi soir.
De nombreux partisans de M. Maduro ont été mobilisés par le gouvernement mercredi pour soutenir le palais présidentiel à Caracas. Au cours de la même journée, Maduro a affirmé qu’il était disposé à dévoiler l’intégralité des documents prouvant la légitimité de sa réélection.
Le G7 a invité Caracas à présenter les résultats électoraux de manière transparente. Le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a préconisé une cessation de la répression et de la violence rhétorique envers l’opposition.
Différentes organisations non gouvernementales, y compris Amnesty International, ont condamné l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre vénézuéliennes dans une déclaration commune. Ils ont également exigé que le droit à la liberté d’expression et de rassemblement pacifique soit respecté et assuré par les autorités.
Devant l’OEA, Brian Nichols, chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, a affirmé que Edmundo Gonzalez Urrutia avait une avance significative sur Maduro et gagné par une large marge.
Le président de la Colombie, Gustavo Petro, a exprimé de sérieux doutes sur les résultats, même s’il a renoué des relations avec le régime chaviste du Venezuela au cours des deux dernières années. Il a réclamé un décompte transparent des voix et des procès-verbaux.
Le Brésil, la Colombie et le Mexique collaborent actuellement dans le but de rétablir la paix au Venezuela, selon une annonce de Bogota mercredi. D’autres pays d’Amérique latine ont demandé un examen complet des résultats en présence d’observateurs électoraux indépendants.
En représailles, le Venezuela a répliqué en rapatriant ses diplomates des sept états concernés et a mis fin à ses liens avec le Pérou, en reconnaissant le président «légitime» du parti d’opposition.
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Le Venezuela, jadis une des nations les plus prospères en Amérique latine, est maintenant en ruine, empêtré dans une crise inédite: effondrement de l’industrie pétrolière, une réduction de 80% du PIB en dix ans, misère et délabrement des systèmes de santé et d’éducation. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont été contraints de quitter leur pays.
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